Déterminants sociodémographiques de l’évolution de la douleur au cours des rhumatismes inflammatoires chroniques : résultats des cohortes ESPOIR et DESIR - 30/11/20
Résumé |
Introduction |
Au cours des rhumatismes inflammatoires chroniques (RICs), la sensibilisation à la douleur peut entraîner sa persistance malgré un traitement adéquat de l’inflammation. Cette étude longitudinale vise à évaluer en particulier, et parmi d’autres facteurs, le rôle de déterminants sociodémographiques dans l’évolution de la douleur au cours des RICs.
Patients et méthodes |
Les participants font partie de deux cohortes en cours, ESPOIR (patients atteints de polyarthrites rhumatoïdes récentes suivis 10 ans) et DESIR (patients atteints de spondylarthropathies récentes suivis 6 ans). La douleur physique est évaluée de manière répétée à l’aide de l’échelle Short Form 36 (avec un score inversé, un score plus élevé dénote des douleurs plus fortes). Les facteurs sociodémographiques à l’entrée dans l’étude (âge, sexe, origine ethnique {caucasien, non caucasien}, éducation {≤niveau secondaire, >niveau secondaire}, statut marital {célibataire, en couple} et profession {sans activité, col bleu, col blanc}), les facteurs liés à la maladie (durée des symptômes, traitements anti-inflammatoires et analgésiques, marqueurs inflammatoires, d’imagerie, cliniques et biologiques), les facteurs liés au mode de vie (IMC, tabagisme, consommation d’alcool) et les facteurs de santé (indice de comorbidité des maladies rhumatismales) sont également recueillis. Pour chaque cohorte, à l’aide de modèles linéaires mixtes ajustés de manière séquentielle sur les facteurs précités, l’association entre chaque facteur sociodémographique et la douleur ainsi que son interaction avec le temps a été estimée. L’évolution de la douleur au cours de la maladie a pu également être représentée graphiquement à partir des valeurs prédites par ces modèles.
Résultats |
Dans ESPOIR (n=810), après ajustement sur l’ensemble des facteurs, l’âge (β=−0,1 ; p=0,01) et le niveau d’étude supérieur (β=−3,8 ; p=0,01) étaient associées à une moindre douleur dès le début du suivi. L’âge, l’ethnicité et la profession sont des facteurs différentiateurs de la trajectoire de douleur (p<0,03). En effet, un plus fort accroissement de la douleur durant le suivi est observé chez les patients plus âgés, d’origine non-caucasienne et sans activité. Dans DESIR (n=679), dans le modèle totalement ajusté, l’origine caucasienne (β=−5,6 ; p=0,02) et l’éducation supérieure (β=−6,0 ; p<0,001) étaient associées à une moindre douleur à l’entrée dans l’étude. Au cours du suivi, seul l’âge a été observé comme facteur différentiateur de la trajectoire de douleur (p=0,04), un âge plus élevé était associé à une plus forte augmentation de la douleur.
Discussion |
Globalement, en début de maladie, un faible niveau d’étude était associé à une perception plus élevée de la douleur, cette différence ayant persisté au cours du suivi. De plus, durant la maladie les patients les plus âgés ou d’origine non-caucasienne avaient une perception de la douleur plus élevée.
Conclusion |
Au cours des RICs, l’âge, l’origine ethnique et le niveau d’étude s’avèrent être déterminants dans la perception de la douleur et son évolution même en tenant compte des facteurs liés à l’inflammation. L’identification de ces populations à risque de chronicité de la douleur et leur priorisation pour une approche multidimensionnelle du traitement de la douleur est à considérer.
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Vol 87 - N° S1
P. A87-A88 - décembre 2020 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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