Même si le tabagisme reste la principale cause de BPCO, certaines professions sont également associées à un risque accru de BPCO. Des données anciennes rapportent un tabagisme plus faible en milieu agricole que dans le secteur tertiaire. Il existe un effet additionnel voire synergique entre le tabagisme et certaines expositions agricoles quant au risque de BPCO. La prévalence du tabagisme chez les agriculteurs mérite donc d’être précisée.

L’analyse a porté sur 5095 sujets (40–75ans) inclus dans l’étude BM3R (BPCO MSA 3 régions) entre octobre 2012 et mai 2013. Les données concernant leur historique tabagique ont été recueillies via un auto-questionnaire. Les sujets non-fumeurs avaient un tabagisme<1 cigarette/jour pendant 1 an ; tous les autres (ex-fumeurs et fumeurs actifs) étaient considérés comme fumeurs.

La population était composée à 80 % d’agriculteurs (dont 34 % de fumeurs) et de 20 % de sujets issus du secteur tertiaire (dont 42 % de fumeurs ; p<0,001). Chez les 40–49ans, le taux de fumeurs et l’intensité du tabagisme en paquets-année (PA) étaient identiques chez les agriculteurs et les tertiaires (44,1 % vs 48,1 % ; p=0,20 et 7,3±13,2 vs 7,2±13,8 PA ; p=0,90). Les 50–59ans présentaient des prévalences de tabagisme différentes (34,9 % vs 42,9 % ; p=0,01) mais l’intensité du tabagisme était la même (6,7±13,8 vs 8,2±14,5 ; p=0,11). Enfin, chez les plus âgés (60ans et plus), le tabagisme était plus faible chez les agriculteurs (fumeurs : 23,2 % vs 35,4 % ; p<0,001 et PA : 4,5±11,8 vs 6,7±14,8 ; p=0,02).

Dans notre population, les agriculteurs les plus jeunes (40–49ans) avaient un tabagisme similaire à celui des tertiaires du même âge. Compte tenu du risque de BPCO inhérent à la profession d’agriculteur, ce résultat doit inciter à mettre en place des mesures de lutte contre le tabagisme en milieu agricole.