L’éducation thérapeutique se révèle souvent un complément thérapeutique particulièrement efficace dans la prise en charge des asthmatiques. Mais tous les profils de patients en bénéficient-ils de la même manière ?

Étude observationnelle prospective portant sur 395 asthmatiques (femmes 74 % ; âge moyen 44 ans (13–85 ans) ; précarité 39 % ; nés à l’étranger 37 % ; 20 % de niveau d’étude<au 1^er cycle) revus 1 an après une démarche éducative structurée à l’école de l’Asthme Le Raincy-Montfermeil, labellisée par l’ARS, animée par une équipe pluriprofessionnelle. Le taux d’exacerbation avec ou sans hospitalisation dans les 12 mois précédents, le score de contrôle ACT et la qualité de vie ont été comparés à l’évaluation menée avant leur entrée à l’école de l’asthme.

Les exacerbations totales, avec et sans hospitalisation ont été réduites de 70 %, 65 % et 66 % respectivement. Le score moyen ACT a progressé de 3,36 points et la qualité de vie a vu son score global augmenter de 0,91 points. Notre précédente étude [1Maurer C., Nozick M., Lahmek P., Bonhour G., Kabbani J., Kangue P., et al. L’asthmatique est-il compétent pour gérer sa maladie ? Étude de 280 patients en Seine-Saint-Denis, France Rev Mal Respir 2015 ;  32 : 229-239 [cross-ref]

Cliquez ici pour aller à la section Références] avait révélé que, tout en affectant le contrôle de l’asthme, certaines caractéristiques sociales (chômage, précarité), le lieu de naissance et le niveau d’études influençaient significativement la maîtrise des compétences sécuritaires. L’analyse en sous-groupes de chacun de ces profils sociodémographiques révèle que les réductions des taux d’exacerbations sont significativement meilleures pour les patients en situation de précarité (OR : 0,33), de faible niveau d’études (OR : 0,36), au chômage (OR : 0,64) ou nés à l’étranger (OR : 0,76). Le contrôle et la qualité de vie s’améliorent aussi davantage dans chacun de ces profils.

Cette étude montre l’efficacité d’une démarche éducative structurée sur les différents indicateurs de l’asthme. Les patients présentant un profil sociodémographique à risque, nombreux dans notre bassin de vie, semblent bénéficier plus encore d’un programme éducatif en terme de réduction des exacerbations, d’amélioration du contrôle de leur asthme et de leur qualité de vie. Rendre accessible l’éducation thérapeutique à ces profils de patients asthmatiques, bénéficiant davantage de tels programmes, constitue un réel enjeu de santé publique tout en restant à la portée de beaucoup de centres éducatifs.