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Envenimation en France par Najah kaouthia : quel sérum antivenimeux pour un cobra asiatique ? - 21/08/18

Doi : 10.1016/j.toxac.2018.07.052 
C. Tournoud 1, , 2 , Y. Mootien 3, L. Berthelon 1, 2, D. Boels 4, J.M. Sapori 5, P. Guiot 3
1 Centre antipoison et de toxicovigilance Est, CHU de Strasbourg, Strasbourg, France 
2 CHU de Nancy, Nancy, France 
3 Réanimation médicale, centre hospitalier de Mulhouse, Mulhouse, France 
4 Centre antipoison et de toxicovigilance Grand Ouest et BSA, Angers, France 
5 Centre antipoison et de toxicovigilance de Lyon, Lyon, France 

Auteur correspondant.

Résumé

Objectif

Les envenimations par serpents exotiques posent différents problèmes, illustrés par un cas clinique : identification formelle de l’espèce, indication d’un sérum antivenimeux adapté, accessibilité au sérum antivenimeux, acheminement de celui-ci.

Description du cas

Un homme de 53 ans, herpétologue amateur, se fait mordre au niveau du pouce droit par un Najah kaouthia (Cobra à monocle, Elapidae) à son domicile. À l’admission aux Urgences, 90min après la morsure, il présente une plaie punctiforme du pouce, un œdème remontant au poignet, une douleur locale intense, des céphalées, des nausées, une diplopie. Lors du transfert en réanimation (H3), la tension artérielle est à 220/106mmHg, la fréquence cardiaque à 68 b/minute. Il existe un flou visuel, une ptose palpébrale bilatérale, une paralysie oculomotrice, des paresthésies péribuccales, une dysarthrie puis rapidement une paralysie faciale, et une hypoventilation avec désaturation, conduisant à l’intubation à H4. Le bilan biologique ne met pas en évidence d’anomalie. Quatre ampoules de sérum antivenimeux Favafrique® sont administrées à la 9e heure et le patient est extubé à la 24e heure. Une arthrite du pouce va conduire à un geste chirurgical, avec lavage et nécrosectomie. Le patient n’a pas développé de maladie sérique.

Résultats

N. kaouthia est un cobra endémique dans le sud de l’Asie. La présence de neurotoxines dans le venin conduit à un syndrome cobraïque se manifestant par une paralysie des nerfs crâniens, une diminution de la force musculaire, une paralysie respiratoire. Dans notre observation, la précocité des signes neurologiques avec défaillance respiratoire signait une envenimation sévère, avec indication d’administration de sérum antivenimeux (SAV) [1]. Le SAV utilisé en Asie est Cobra antivenin®, non disponible en France car n’ayant pas d’autorisation par l’ANSM, mais disponible en Suisse à 30km du centre hospitalier concerné. Les SAV sont délivrés sous AMM ou ATU en France et toute administration engage la responsabilité du médecin prescripteur. La Banque des sérums antivenimeux (BSA) [2] a été contactée : en l’absence d’ATU pour Cobra antivenin® (dû à une absence de garantie suffisante sur sa qualité) et le pronostic vital du patient étant engagé il a été décidé d’administrer Favafrique®, SAV polyvalent africain ayant un pouvoir neutralisant de 250 DL50 souris par ampoule, pour plusieurs espèces africaines de Naja. L’acheminement a été réalisé à partir de l’antenne de la BSA de Lyon, plus proche. L’administration du Favafrique, a permis de raccourcir la durée d’intubation. La paraspécificité espérée reposant sur un mécanisme de croisement antigénique malgré des différences notables entre Naja africains et asiatiques, a été efficace notamment sur les effets cliniques provoqués par les neurotoxines.

Conclusion

La BSA permet de donner avis et conseil en cas d’envenimation par serpent exotique, de fournir le SAV adapté, de recenser les cas d’envenimations en France.

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Plan


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Vol 30 - N° 3

P. 179 - septembre 2018 Retour au numéro
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