AOMI: la trithérapie est-elle toujours d’actualité ? Et les bêtabloquants ? - 10/03/19
Résumé |
Les bêtabloquants dans l’artérite oblitérante des membres inférieurs (AOMI) sont craints sur des arguments basés sur la pharmacodynamie de cette classe médicamenteuse, et la vasoconstriction engendrée par le blocage des récepteurs β2 adrénergiques au niveau artériel périphérique. D’ailleurs, ce raisonnement pharmacologique a conduit au développement de molécules sélectives des récepteurs β1 comme le Métoprolol, ou bloquant à la fois les récepteurs β et α1 adrénergiques, ces derniers étant responsables d’une vasoconstriction artérielle en cas de stimulation, comme le Labétalol, ou bloquant sélectivement les récepteurs β1 et les récepteurs α2, et stimulant les récepteurs β2 amplifiant l’effet vasodilatateur périphérique, comme le Célectol, ou enfin bloquant les récepteurs β1 et stimulant les récepteurs β3 responsables d’une vasodilatation monoxyde d’azote dépendante, comme le Nébivolol. Toutes ces molécules ont été testées dans l’AOMI avec des bénéfices évalués par l’augmentation du flux sanguin artériel des membres inférieurs et de la distance de marche chez le patient claudicant, la réduction de la mortalité globale dans une étude de cohorte de patients atteints d’AOMI et de la mortalité à 30jours de patients en ischémie chronique menaçant les membres inférieurs. Par ailleurs, la sécurité d’usage a également été retrouvée dans des études rétrospectives que cela soit chez le patient claudicant ou même dans une situation d’ischémie chronique menaçant le membre inférieur, sans augmentation du risque d’amputation. Ainsi, les craintes d’aggravation de l’AOMI en cas d’utilisation des bêtabloquants dans l’AOMI ne sont pas fondées sur les données de la littérature. Par ailleurs, la mortalité cardiovasculaire, notamment par infarctus du myocarde, est élevée en présence d’AOMI (8–9 % à 5 ans), s’expliquant par une prévalence de la maladie coronaire chez ces patients entre 40 et 60 %. Mais les preuves formelles du bénéfice des bêtabloquants en prévention des complications de la maladie coronaire stable sont minces. Enfin, il n’existe pas d’étude contrôlée, randomisée, en double aveugle des bêtabloquants dans l’AOMI. Ainsi, bien qu’intuitivement, le bénéfice des bêtabloquants dans cette population à très haut risque de mortalité cardiovasculaire semble en faveur de leur utilisation, et que par ailleurs, leur sécurité d’emploi ne soit pas mise en doute, il n’y a pas de preuves formelles permettant de recommander leur prescription systématique chez le patient artéritique.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Artériopathie oblitérante des membres inférieurs, Bêtabloquant
Plan
Vol 44 - N° 2
P. 114 - mars 2019 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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