Dans le cadre de la prise en charge du patient en soins palliatifs, la douleur résiste parfois à la logique médicale : elle s’installe, réfractaire. Là, où l’« agir » du soin prescrit, anesthésie, sans tentative réelle d’élaboration autour du sens de la douleur, il sera question d’envisager qu’au-delà de sa genèse somatique, la douleur chronique chez certains patients en fin de vie serait « totem » en tant qu’écho à un événement traumatique ancien et symptôme condensé d’une histoire complexe. Empreinte d’un insaisissable, sera forgé le concept de « douleur totem » qui se présenterait dans l’espace de la rencontre, comme une fonction d’adaptation du sujet à son histoire. Rarement comprise de cette façon en contexte de soins palliatifs, la douleur marquerait le début d’une redynamisation de la pensée en même temps qu’elle signalerait les fragilités sur lesquelles s’est construite la personnalité du sujet. Au travers de quatre portraits cliniques, nous considérerons, d’une part, plusieurs figures de la fonction d’adaptation de la « douleur totem ». Chaque fois, nous explorerons la valeur de la plainte soit la façon dont il convient avec le concours du sujet de décrypter cette douleur pour lui donner un sens, en la resituant dans son histoire et dans son fonctionnement psychique. De façon plus réflexive, d’autre part, nous dégagerons la posture éthique et épistémologique que supporte une telle démarche. En lien, une modélisation du projet de soins sera soumise.

In the context of palliative care management, pain may sometimes resist to biomedical logic: it remains present and refractory. Instead of a single pharmaceutical answer without any consideration for the meaning of pain, we are putting forward the concept that pain at the end of life would be for some patients “totem” as a reminder of an old trauma, as a teller of a “significant” something about their lives. Elusive symptom, we offer the concept of “pain as a totem” that would be explained as an adaptative function of the patient’s narrative. Too often misunderstood as such in palliative care, pain would then reflect the redynamisation of mental process together with the difficulties on which the subject builds up his personality. Through four clinical situations, we first, shall consider examples of the adaptative function of “pain as a totem”. Each time, we shall examine the true meaning of pain in the light of the own subject knowledge. Second, we shall extract the ethical and epistemological postures on which such a concept is supported with. Together, a tentative of modelisation of care management of the painful patient will be submitted.