Le stock incroyable d’une consommatrice hors norme de NPS - 12/05/16
Résumé |
Objectif |
Documenter les pratiques addictives d’une consommatrice de NPS.
Description du cas |
Une femme de 36ans, héroïnomane connue, découvre les NPS via les cannabinoïdes de synthèse (CS) il y a 2ans. Dès lors, sa consommation évolue, notamment à la suite de ses recherches sur Internet. Elle teste et apprécie rapidement les cathinones, et tout particulièrement la MDPV (méthylènedioxypyrovalérone) qu’elle surnomme la « drogue noble ». Elle achète, quelquefois de façon compulsive, un nombre important de NPS et parfois en très grande quantité (de 250mg à 50g), bénéficiant alors sur certains sites marchands de nouveaux produits à tester gratuitement. Son addiction aux cathinones l’oblige, à la suite de leur inscription sur la liste des stupéfiants [1 ], à les acheter sur des sites chinois. Elle est par ailleurs traitée par méthadone, loxapine et oxazépam, et déclare s’injecter régulièrement de la morphine (par usage détourné de Skenan®), qu’elle associe à des benzodiazépines pour pouvoir dormir après avoir inhalé différents NPS. Hospitalisée à sa demande dans un service psychiatrique, elle cède son stock, soit 36 sachets différents, dont les contenus vont être analysés.
Méthodes |
Après broyage préalable de certains échantillons, se présentant sous forme de cristaux ou de cailloux, un aliquot de 10mg de chaque échantillon a été mis en solution dans 1mL de méthanol, puis placé aux ultrasons pendant 5minute. Après dilution au 1/10 000e dans du méthanol, 100μL ont été évaporés sous azote à froid en présence d’étalons internes. Les résidus secs ont été repris par 100μL de phase mobile avant d’être analysés par UPLC-Xevo G2 QTOF (Waters). La séparation chromatographique a été réalisée par une colonne AcquityTM HSS C18 1,7μm, 150mm×2,1mm à l’aide d’un gradient tampon formiate d’ammonium pH 3/acétonitrile à 0,1 % d’acide formique. L’acquisition a été faite en mode MSE en électrospray positif.
Résultats |
Deux types de sachets ont été analysés : 24 sachets « identifiés » portant noms, formules développées, restriction, noms commerciaux et 12 sachets « non identifiés » pour lesquels aucun renseignement n’est disponible. Sept sachets « identifiés », portant les noms commerciaux de Evoke, Synthacaine, Synthacaine Plus et Synthacaine Rock, et 2 « non identifiés » ont en commun de contenir de la lidocaïne associée à de la méthiopropamine (MPA) ou à de l’éthylphénidate. Neuf sachets « identifiés » et 6 « non identifiés » sont des cathinones : mexedrone, MDPV, 4-MEC, 3-MMC, α-PVP, α-PVT et α-PHP. Seul l’échantillon d’α-PVT n’a pas été confirmé, s’agissant en fait d’α-PVP. Trois CS (AB-PINICA, MMB-CHMINACA et 5F-APINACA) sont présents dans 4 sachets « non identifiés » et 4 sachets « identifiés ». La présence d’un dérivé de la méthamphétamine (la fluorométhamphétamine), de fluorophenmétrazine et d’une pipéridine, l’isopropylphénidate (associé à l’acide ritalinique) a été confirmée dans 4 sachets « identifiés ».
Conclusion |
Ce cas hors norme d’une jeune femme ayant expérimenté au moins une quinzaine de molécules différentes en moins de 2ans illustre le danger de l’offre des NPS sur l’Internet, qui semble favoriser les comportements compulsifs d’achat et de consommation chez une personne ayant des antécédents d’addiction et psychologiquement fragile.
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Vol 28 - N° 2S
P. S28 - juin 2016 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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