Background: The social security department of the French national electric and gas company has established an ischemic heart disease register among a population of about 140 000 employees based on sick leaves as well as deaths recorded with their medical cause.

Methods: History of the illness, medical tests and treatments were known retrospectively from the consulting physicians of the company. Acute coronary events recorded were: inaugural angina pectoris, myocardial infarction, sudden coronary death and fortuitous discovery of coronary disease.

Results: A first study conducted on employees during the 1993-1995 period showed infarction incidence age rates similar to those estimated from the French MONICA registers for France as a whole. Regional discrepancies were observed for myocardial infarction rates: Nord-Pas de Calais, Champagne-Ardennes, Lorraine, Franche-Comté and Limousin were at the most elevated risk (SIR=131, 155, 169, 125 and 178 resp). Large variations according to socio-economic status were observed.

Conclusion: This register will permit studies on the links between socio-economic status at different professional career points and the occurrence of ischemic heart disease and the evaluation of the impact of psychosocial factors such as previous depressive disorders.

Position du problème : Les 140 000 salariés des entreprises Électricité de France et Gaz de France, répartis sur l'ensemble du territoire national, bénéficient d'un régime particulier de sécurité sociale. Les médecins conseils ont, entre autres missions, celle de vérifier le bien-fondé de l'absentéisme pour raison médicale. Cette disposition a été mise à profit pour constituer un registre des cardiopathies ischémiques.

Méthodes : Les épisodes d'absence et les décès des années 1993, 1994 et 1995 ont été extraits des fichiers épidémiologiques et, pour chaque événement, les médecins conseils étaient invités à remplir un questionnaire portant sur le début de la maladie coronaire, ses manifestations, les examens et traitements réalisés. Seuls les événements aigus étaient enregistrés : angor inaugural, infarctus incident ou récidive d'infarctus, mort subite de cause inconnue, découverte fortuite d'une pathologie coronaire silencieuse.

Résultats : Chez les hommes le taux d'incidence par âge de l'infarctus (suivi ou non du décès) est proche de celui estimé pour la France à partir des registres MONICA. On constate d'importantes disparités régionales dans la survenue des infarctus, le Nord-Pas-de-Calais, la Champagne-Ardennes, la Lorraine, la Franche-Comté et le Limousin, étant les régions les plus touchées (SIR respectifs = 131, 155, 169, 125 et 178). On observe un gradient des risques relatifs de survenue des cardiopathies ischémiques ajustés sur l'âge selon le collège : le risque des agents d'exécution est de 1,54 (IC 95 % : [1,03 - 2,31]) et celui des agents de maîtrise de 1,18 (IC 95 % : [0,85 - 1,64]) par rapport aux cadres. En ce qui concerne la PCS au moment du diagnostic, seuls les cadres et professions intellectuelles supérieures ont un risque abaissé de cardiopathies ischémiques.

Conclusion : Ce registre permettra d'analyser les disparités socioprofessionnelles des cardiopathies ischémiques en considérant le statut socio-économique des salariés à différents moments de la carrière ainsi que l'impact des facteurs psycho-sociaux au cours de la carrière. Il devrait aussi permettre d'étudier l'évolution de la maladie coronaire chez les patients angineux et les conséquences médico-sociales de ces pathologies.