Manifestations cutanées de l’infection à virus Zika : étude prospective, en Martinique - 23/11/16
Résumé |
Introduction |
Le virus Zika (ZIKV) est un arbovirus transmis par les moustiques Aedes. Depuis la 1re épidémie de Yap en 2007, il s’est étendu à la Polynésie Française, au Brésil puis dans toutes les Amériques. Suite à sa propagation rapide et au risque neurologique et fœtal, il a été déclaré problème de santé publique par l’OMS début 2016. L’objectif de ce travail prospectif était de décrire les manifestations cutanées de l’infection à ZIKV de l’adulte, au cours de l’épidémie de Martinique.
Matériel et méthodes |
Tous les cas suspects de ZIKV (définition OMS) présentant des signes cutanés, vus au CHU de Martinique de janvier à avril 2016, ont été examinés par un dermatologue. Seuls ceux ayant une confirmation virologique par RT-PCR (sang ou urine) ont été inclus. Ce travail est une partie de la cohorte CARBO : étude descriptive et pronostique des infections à arbovirus des Antilles-Guyane (NCT01099852).
Résultats |
Soixante-six patients (20 H/49 F ; âge médian : 39 ans) ont été inclus : 49 positifs en PCR sang et 61 dans les urines. Les plus fréquents étaient : prurit (81 %), exanthème maculo-papuleux (80 %), conjonctivite non purulente (CNP) (78 %). D’autres symptômes moins fréquents étaient notés : œdèmes (mains, pieds, chevilles), hyperesthésie cutanée, purpura pétéchial. La durée médiane des signes cutanés était 5jours (3–7j). Les signes généraux les plus fréquents (fatigue, arthralgie, myalgie, céphalée) et la fièvre (55 %) survenaient dans la majorité des cas avant l’apparition de la dermatose. Aucune anomalie biologique n’était notée. Les 12 femmes enceintes présentaient une clinique similaire mais moins de fièvre et de myalgie que les autres patients (respectivement p=0,02 et p=0,01)
Discussion |
Il s’agit de la 1re étude analysant les signes cutanés de l’infection à ZIKV, la littérature existante n’évoquant que les signes cliniques les plus fréquents. Le caractère prospectif et la confirmation virologique excluant les autres arboviroses augmentent sa fiabilité. Elle confirme la fréquence de l’exanthème, du prurit et de la CNP et précise leur délai d’apparition par rapport aux autres symptômes. Si la clinique habituelle paraît similaire aux autres arboviroses, la fréquence du prurit et de la CNP est à signaler, de même qu’une moindre fréquence : du purpura et des céphalées par rapport à la dengue et des arthralgies par rapport au chikungunya. La biologie reste en général normale à l’inverse du syndrome inflammatoire retrouvé dans le chikungunya et de la thrombopénie dans la dengue. Le recrutement hospitalier est une limite à cette étude et le nombre élevé de cas féminins probablement expliqué par le risque fœtal largement médiatisé.
Conclusion |
La clinique peu spécifique du ZIKV ne permet pas à elle seule un diagnostic certain. Le risque de complications neurologiques et fœtales nécessite d’affiner la reconnaissance clinique de cette arbovirose, en particulier dermatologique, afin de permettre une forte orientation diagnostique sur présomption clinique.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Épidémiologie, Zika
Plan
☆ | Les illustrations et tableaux liés aux abstracts sont disponibles à l’adresse suivante : http://dx.doi.org/10.1016/j.annder.2016.10.003. |
Vol 143 - N° 12S
P. S152 - décembre 2016 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
L’accès au texte intégral de cet article nécessite un abonnement.
Déjà abonné à cette revue ?