L’insécurité de la situation de travail a été identifiée comme d’un des 6 axes de risque psychosociaux dans le rapport du collège d’expertise Gollac. L’objectif de ce travail était d’explorer les liens entre cet axe et d’une part, les autres caractéristiques du travail, d’autre part, la santé perçue des salariés.

La population d’étude a été constituée à partir de la base de données nationale Evrest. Les 25 918 salariés nés en octobre des années paires interrogés lors des entretiens santé–travail par les médecins et infirmiers volontaires en 2013 et 2014 ont été inclus. Les liens entre le fait de déclarer travailler avec la peur de perdre leur emploi et les autres variables (socio-démographiques, conditions de travail) ont été étudiés par des tests du χ². Enfin, les liens avec les 3 aspects de la santé perçue (plaintes aux membres supérieurs, rachidiennes et neuropsychiques) ont été étudiés par des régressions logistiques uni puis multivariées.

Parmi les salariés, 12,5 % ont déclaré travailler avec la peur de perdre leur emploi. Les salariés âgés de 35 à 49 ans, avec les catégories socio-professionnelles les plus basses et signalant le plus de contraintes de travail (horaires, psycho-sociales et physiques) déclaraient significativement plus souvent travailler avec la peur de perdre leur emploi. Après ajustement sur l’âge, le sexe, les autres facteurs de risque psychosociaux et les contraintes physiques, les plaintes aux membres supérieurs, rachidiennes et neuropsychiques étaient significativement plus importantes chez les hommes déclarant travailler avec la peur de perdre leur emploi (respectivement OR=1,17 IC95 % [1,00–1,36] ; OR=1,17 IC95 %[1,02–1,32] et OR=2,21 IC95 %[1,82–2,68]).

Pour reprendre ces résultats sous un angle plus positif, on peut en conclusion examiner le lien opposé, et souligner que « ne pas avoir la peur de perdre son emploi » est un facteur important de préservation et de construction de la santé au travail.