La biopsie cutanée (BC) évalue la perte en fibres nerveuses intradermiques et est considérée comme le gold standard pour le diagnostic de neuropathie des petites fibres (NPF). Cependant, la perte en fibres est objectivable lors d’un processus dégénératif déjà avancé et la relation entre douleur neuropathique et résultat de la BC reste peu claire. Les potentiels évoqués laser (PEL) permettent une évaluation fonctionnelle de la voie de la sensibilité thermo-algique et contribuent au diagnostic du caractère neuropathique d’une douleur. L’objectif de cette étude rétrospective est d’évaluer l’apport respectif de la BC et des PEL chez 29 patients présentant une suspicion clinique de NPF avec un électroneuromyogramme normal. Les PEL ont été retenus comme pathologiques en cas de diminution d’amplitude, désynchronisation, augmentation de latence ou abolition des réponses corticales. Le taux de concordance des résultats entre PEL et BC est de 69 %. Sur les 9 résultats discordants, tous sauf un présentent bien une NPF cliniquement définie (n=3) ou possible (n=5), établie devant la présence de douleurs neuropathiques d’après le score DN4, de topographie distale et/ou associées à une hypoesthésie thermo-algique :

– 4 patients ayant une BC normale ont des PEL pathologiques parmi lesquels 2 sont porteurs d’un syndrome de Gougerot-Sjögren ;

– 5 patients avaient une BC pathologique et des PEL normaux, avec cependant une élévation des seuils nociceptifs pour deux d’entre eux.

En conclusion, la biopsie cutanée et les potentiels évoqués laser sont des outils diagnostiques complémentaires devant un tableau clinique de douleur neuropathique évocateur du diagnostic de neuropathie des petites fibres. Les PEL doivent notamment être réalisés en cas de suspicion clinique forte de NPF, y compris si la BC est négative. Les seuils nociceptifs sont également à prendre en compte.