L’article interroge les effets subjectifs des manifestations hallucinatoires, neurologiquement déterminées, chez une patiente atteinte de démence à corps de Lewy, Madame M., rencontrée dans le cadre de consultations psychothérapiques ambulatoires dans un service hospitalier de neurologie. Alors que dans les processus Alzheimer les manifestations délirantes et hallucinatoires sont souvent d’apparence tardive et pourraient relever d’une logique défensive et compensatoire vis-à-vis des effets du délitement neuropsychique, les hallucinations surviennent souvent très précocement dans les démences à corps de Lewy, avant même que les fonctions mentales ne soient perturbées, en raison de leur caractère neuro-organiquement déterminé. Toutefois, cette causalité organique n’exclut pas l’intervention, à un autre niveau, de la causalité psychique. Aussi le sens de ces hallucinations peut-il être soutenu par des mécanismes projectifs et oniriques, comme il apparaît dans le suivi clinique de Madame M., ce qui donne une certaine orientation à l’approche psychothérapique de ces affections.

This work explores the subjective effects of neurologically determined hallucinatory manifestations, in a patient with Lewy body dementia, Ms M., encountered in outpatient psychotherapy in a hospital Neurology department. While in the process of Alzheimer's disease delusional and hallucinatory manifestations often appear at a late stage and could be a defensive and compensatory logic in the face of the neuro-psychic disintegration, hallucinations often occur very early in dementia with Lewy bodies, even before the cognitive functions are disturbed, on account of their neuro-organically determined character. However, this organic causation does not exclude the implication, on another level, of psychic causality. Thus, the meaning of these hallucinations could be underpinned by projective and dreamlike mechanisms, as in the case of Ms. M, providing some guidance in the psychotherapeutic approach of these patients.