La plupart des données disponibles sur la situation nutritionnelle des populations de faible niveau socioéconomique décrivent une alimentation moins favorable à la santé. L’objectif de cet article est de décrire, chez des personnes ayant recours à l’aide alimentaire, les facteurs démographiques et économiques associés à de faibles consommations alimentaires au regard des repères du Programme National Nutrition Santé (PNNS). Les sujets de l’étude Abena (alimentation et état nutritionnel des bénéficiaires de l’aide alimentaire) ont été inclus aléatoirement dans 4 zones urbaines (Marseille, Dijon, Paris et Seine-Saint-Denis). Ils ont été interrogés par questionnaire sur leurs consommations alimentaires, leurs moyens d’approvisionnement et leur ressenti d’insécurité alimentaire.

Parmi les 1 164 personnes interrogées, de faibles fréquences de consommation en fruits et légumes (94,5 % des sujets en consommaient ≪ 3,5/jour), en viandes, produits de la pêche et œufs (42,6 % ≪ 1/jour), et en lait et produits laitiers (81,9 % ≪ 3/jour) ont été observées. Les hommes, les personnes jeunes ou plus âgées et celles ayant des enfants à charge étaient plus souvent à risque d’inadéquation aux repères de consommation du PNNS. L’insécurité alimentaire (49,2 % des sujets déclaraient ne pas avoir assez à manger parfois ou souvent) était associée à de faibles consommations de fruits et légumes et de viandes, produits de la pêche et œufs.

La description des facteurs associés à de moindres consommations alimentaires au sein de cette population précaire confirme la notion de marqueur socioéconomique des fruits et légumes, et de la viande, du poisson et des œufs, notion déjà relevée dans des études portant sur des niveaux socioéconomiques plus variés. La situation nutritionnelle des personnes recourant à l’aide alimentaire décrite ici souligne les besoins d’amélioration de l’offre, éventuellement ciblée sur les groupes à risque identifiés.

The majority of data available on the nutritional situation of low socioeconomic populations in industrialized countries describe a diet that is less favorable for health. The objective of this article is to describe the demographic and economic factors associated with low food intakes as defined by the National Nutrition and Health Program (Programme National Nutrition Santé, PNNS) dietary guidelines in a food aid dependent population.

Subjects from the Abena (Food and nutritional status of food aid recipients) study were recruited in four urban zones (Marseille, Dijon, Paris, Seine-Saint-Denis). Questionnaires were principally about food intake frequencies, food supplies and food insecurity.

Among the 1,164 included subjects, low consumption frequencies of fruits and vegetables (94.5% consuming ≪3.5/day), meat, fish and eggs group (42.6% ≪1/day), and dairy products (81.9% ≪3/day) were found. Men, young and aged people, and individuals with dependent children seem to be more often at risk for inadequate intakes with regard to the PNNS dietary guidelines. The food insecurity (49.2% declared not having enough to eat “sometimes” or “often”) was associated with an insufficient intake of fruits and vegetables, and meat, fish, and eggs.

The described factors associated with lower food intakes observed in this precarious population confirms the notion that fruit and vegetable, and meat, fish and egg consumptions are markers of the socioeconomic status. This has been already observed in studies on more various socioeconomic statuses. The nutritional situation of food aid recipients described here underlines the need for food aid improvement, eventually focused on specific groups which have been identified.