S'abonner

La chirurgie mini-invasive des fractures périprothétiques fémorales augmente le taux et réduit le temps de consolidation osseuse sans augmenter le taux de complications - 01/05/24

Minimally invasive surgery of femoral periprosthetic fractures increases the rate of consolidation and decreases time to bone healing without a higher rate of complications

Doi : 10.1016/j.rcot.2024.03.003 
Marie Le Baron 1, , Thibaut Battut 2, Thierry Bégué 3, Matthieu Ehlinger 4, Xavier Flecher 5, 6

SOFCOT7

1 Assistance publique–Hôpitaux de Marseille, hôpital Nord, institut du mouvement et de l’appareil locomoteur, service de chirurgie orthopédique, pôle locomoteur, Marseille, France 
2 Hôpital d’instruction des Armées Laveran, 34, boulevard Laveran, 13013 Marseille, France 
3 Université Paris-Saclay, AP–HP, hôpital Antoine-Béclère, service de chirurgie orthopédique et traumatologique, 157, rue de la Porte de Trivaux, 92140 Clamart, France 
4 Hôpital de Hautepierre 2, hôpitaux universitaires de Strasbourg, service de chirurgie orthopédique et de traumatologie, 1, avenue Molière, 67098 Strasbourg cedex, France 
5 Aix-Marseille université, hôpital Sainte-Marguerite, institut du mouvement et de l’appareil locomoteur, département d’orthopédie et de traumatologie ISM, CNRS, 270, boulevard Sainte-Marguerite, BP 29, 13274 Marseille, France 
6 CHU de Marseille Nord, institut du mouvement et de l’appareil locomoteur, chemin des Bourrely, 13015 Marseille, France 
7 56, rue Boissonade, 75014 Paris, France 

Marie Le Baron, Assistance publique–Hôpitaux de Marseille, hôpital Nord, institut du mouvement et de l’appareil locomoteur, service de chirurgie orthopédique, pôle locomoteur, Marseille, France.Assistance publique–Hôpitaux de Marseille, hôpital Nord, institut du mouvement et de l’appareil locomoteur, service de chirurgie orthopédique, pôle locomoteurMarseilleFrance

Résumé

Contexte

Les fractures fémorales sur prothèse de genou (FFPG) deviennent plus fréquentes du fait de l’augmentation du nombre d’arthroplasties et du vieillissement de la population chez qui le maintien de l’autonomie et de la fonction reste un enjeu. L’apparition des plaques verrouillées a amélioré les résultats fonctionnels et favorisé l’essor des voies d’abord « mini-invasives » (MIS). Même si la littérature compare les différents types d’ostéosynthèse sur FFPG, peu d’informations sont disponibles sur les complications de l’ostéosynthèse par plaque verrouillée en fonction de la voie d’abord. Nous avons donc réalisé une étude multicentrique (neuf centres : Dijon, Grenoble, Lille, Marseille, Nice, Paris, Saint-Étienne, Strasbourg, Colmar) rétrospective dans le cadre d’un symposium de la Société française de chirurgie orthopédique et de traumatologie (SOFCOT). Les objectifs étaient après ostéosynthèse de FFPG par plaques verrouillées réalisées par un abord classique ou par voie mini-invasive (MIS) : (1) de comparer les complications, (2) d’évaluer si les résultats radiocliniques (taux et délai de consolidation, reprise d’appui, défaut de réduction, autonomie postopératoire) sont comparables dans les deux groupes.

Hypothèse

L’hypothèse était que la réalisation d’une voie MIS dans ces indications ne donne pas plus de complications qu’une voie d’abord classique, et ce avec de meilleurs résultats fonctionnels et radiologiques.

Matériel et méthode

Cinq cent soixante-treize patients ont présenté une FFPG sur les périodes étudiées (série rétrospective de janvier 2012 à décembre 2016, puis série prospective de janvier à décembre 2019). Après application des critères d’inclusion (FFPG par plaque verrouillée) et d’exclusion (contexte tumoral, infectieux, fractures peropératoires, fractures sur prothèse descellée, autres modes d’ostéosynthèses, traitement par révision prothétique, patients mineurs, suivi inférieur à 1 an, les dossiers incomplets), une série globale de 306 patients a été retenue. Deux groupes ont été créés selon la voie d’abord réalisée : un groupe voie d’abord standard (S, n=228) et un groupe voie d’abord mini-invasive (MIS, n=78). Les données démographiques de la population ont été relevées, et les critères d’autonomie (score de Parker, lieu de vie). Les complications postopératoires ont été recherchées (infection, complication mécanique, reprise chirurgicale). Enfin les résultats radiocliniques ont été évalués (taux et délai de consolidation, reprise d’appui, défaut de réduction, autonomie postopératoire).

Résultats

La comparaison des deux sous-groupes S et MIS a retrouvé des taux de complications sont comparables dans les deux groupes quant aux infections (groupe S : n=18 [7,9 %], groupe MIS : n=2 [2,6 %]), complications mécaniques (S : n=23 [10,1 %], MIS : n=2 [2,6 %]), et reprise chirurgicale (S : n=33 [14,5 %], MIS : n=7 [8,9 %]), et une absence de différence quant à l’autonomie postopératoire (Parker groupe S : 4,7±2,4 [0–9] vs groupe MIS : 5±2,7 [0–9]). En revanche, le délai pour la reprise de l’appui était plus court dans le groupe MIS (4,3±3,5 semaines [0–12] versus 10,1±10,1 semaines [0–110], p<0,001). Le taux de pseudarthrose était plus faible dans le groupe MIS (n=1 vs n=20, soit 1,7 vs 11,1 % [p=0,031]) et le délai de consolidation plus court (7,5±4,3 semaines [6–30] versus 15,2±9,4 semaines [5–78] [p<0,001]).

Conclusion

La réalisation d’une voie MIS dans la prise en charge des FFPG ostéosynthésées par plaque verrouillée ne donne pas plus de complications qu’une voie d’abord classique. De plus, on obtient un taux de consolidation plus élevé dans des délais plus courts. Au terme de ce travail, il semble raisonnable de proposer en première intention une ostéosynthèse par voie MIS lorsqu’une prise en charge par plaque verrouillée est retenue pour une FFPG sous réserve de l’expertise technique.

Niveau de preuve

III ; étude observationnelle.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Summary

Background

Knee periprosthetic femoral fractures (KPPFF) are becoming more frequent due to the increasing number of arthroplasties and the aging population, for whom maintaining autonomy and function remains a challenge. The use of locking plates has improved functional results and promoted the development of “minimally invasive” surgical (MIS) approaches. Despite the availability of literature comparing between different types of osteosynthesis for KPPFF, there is a paucity of information available on the complications of osteosynthesis using locking plates, depending on the approach. We therefore carried out a retrospective multicenter study (nine centers: Dijon, Grenoble, Lille, Marseille, Nice, Paris, Saint-Étienne, Strasbourg, Colmar) as part of a Symposium of the French Society of Orthopedic Surgery and Traumatology (SOFCOT). Following osteosynthesis of KPPFF by locking plates carried out by a standard approach or by a minimally invasive approach (MIS), the objectives were: (1) to compare the complications, (2) to evaluate whether the radiological and clinical results (rate and time of consolidation, resumption of weight bearing, lack of reduction, postoperative autonomy) were comparable in the two groups.

Hypothesis

The hypothesis was that performing an MIS approach in these indications does not confer more complications than a standard approach, and rather, the MIS approach offers better functional and radiological results.

Material and method

Five hundred and seventy-three patients presented with KPPFF over the periods studied (retrospective series from January 2012 to December 2016, then prospective series from January to December 2019). After applying the inclusion criteria (KPPFF by locking plate) and exclusion criteria (tumor context, infectious, intraoperative fractures, fractures on loose prostheses, other osteosynthesis methods, treatment by prosthetic revision, patients under the age of 18, follow-up less than 1-year, incomplete files), a global series of 306 patients was retained. Two groups were created according to the approach performed: a standard approach group (S, n=228) and a minimally invasive approach group (MIS, n=78). The demographic data of the population were recorded, as was the criteria for autonomy (Parker score, place of living). Postoperative complications were sought (infection, mechanical complication, surgical revision). Finally, the radiological and clinical results were evaluated (rate of, and time to consolidation, resumption of weight bearing, lack of reduction, postoperative autonomy).

Results

The comparison of the two subgroups, S and MIS, found complication rates are comparable in the two groups in terms of infections (S group: n=18 [7.9%], MIS group: n=2 [2.6%]), mechanical complications (S: n=23 [10.1%], MIS: n=2 [2.6%]), and surgical revision (S: n=33 [14.5%], MIS: n=7 [8.9%]), and a lack of difference in postoperative autonomy (Parker; S group: 4.7±2.4 [0–9] vs. MIS group: 5±2, 7 [0–9]). On the other hand, the time to return to weight bearing was shorter in the MIS group (4.3±3.5 weeks [0–12] versus 10.1±10.1 weeks [0–110], P<0.001). The rate of nonunion was lower in the MIS group (n=1 vs. n=20, i.e. 1.7 vs. 11.1% [P=0.031]) and the time to consolidation was shorter (7.5±4.3 weeks [6–30] versus 15.2±9.4 weeks [5–78] [P<0.001]).

Conclusion

Performing an MIS approach in the management of KPPFF by locking plate osteosynthesis does not cause any more complications than a standard approach. In addition, higher consolidation rates can be obtained in shorter periods of time. This study suggests that it proposing osteosynthesis using the MIS approach as a primary surgery is a reasonable choice when treatment using locking plates is chosen for a KPPFF, subject to technical expertise.

Level of evidence

III; observational study.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Mots clés : Fracture périprothétique, Plaque verrouillée, Chirurgie mini-invasive

Keywords : Periprosthetic fracture, Locking plate, Minimally invasive surgery


Plan


 Ne pas utiliser, pour citation, la référence française de cet article, mais celle de l’article original paru dans Orthopaedics & Traumatology: Surgery & Research, en utilisant le DOI ci-dessus.


© 2024  Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Ajouter à ma bibliothèque Retirer de ma bibliothèque Imprimer
Export

    Export citations

  • Fichier

  • Contenu

Vol 110 - N° 3

P. 508-519 - mai 2024 Retour au numéro
Article précédent Article précédent
  • Traitement chirurgical des fractures diaphysaires des os longs chez l’enfant par embrochage centromédullaire élastique stable à foyer ouvert: résultats d’une série dans un centre tertiaire en Afrique sub-saharienne
  • Jean Baptiste Yaokreh, Audrey Thomas Helen, Elisée Bationo Yves, Eric Koffi N’goran, Thierry Hervé Odéhouri-Koudou, Ossénou Ouattara
| Article suivant Article suivant
  • À propos de : « La butée de Latarjet arthroscopique fixée par endobouton ne modifie pas la translation postérieure statique de la tête humérale », par Y. Dalmas et al. publié dans Rev Chir Orthop Traumatol 2024;110(1):3–9. doi : 10.1016/j.rcot.2023.07.016
  • Dogossou Parteina, Valentin Andjeffa

Bienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
L’accès au texte intégral de cet article nécessite un abonnement.

Déjà abonné à cette revue ?

Mon compte


Plateformes Elsevier Masson

Déclaration CNIL

EM-CONSULTE.COM est déclaré à la CNIL, déclaration n° 1286925.

En application de la loi nº78-17 du 6 janvier 1978 relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés, vous disposez des droits d'opposition (art.26 de la loi), d'accès (art.34 à 38 de la loi), et de rectification (art.36 de la loi) des données vous concernant. Ainsi, vous pouvez exiger que soient rectifiées, complétées, clarifiées, mises à jour ou effacées les informations vous concernant qui sont inexactes, incomplètes, équivoques, périmées ou dont la collecte ou l'utilisation ou la conservation est interdite.
Les informations personnelles concernant les visiteurs de notre site, y compris leur identité, sont confidentielles.
Le responsable du site s'engage sur l'honneur à respecter les conditions légales de confidentialité applicables en France et à ne pas divulguer ces informations à des tiers.


Tout le contenu de ce site: Copyright © 2024 Elsevier, ses concédants de licence et ses contributeurs. Tout les droits sont réservés, y compris ceux relatifs à l'exploration de textes et de données, a la formation en IA et aux technologies similaires. Pour tout contenu en libre accès, les conditions de licence Creative Commons s'appliquent.