L’exposition aux produits de nettoyage est fréquente, tant dans le cadre professionnel que domestique. L’objectif de cet article est de faire un état de la question sur la relation entre l’asthme et les expositions aux produits de nettoyage.

Une revue de la littérature a été effectuée. Après une brève présentation des produits de nettoyage ayant potentiellement un effet sur la santé respiratoire, les résultats d’études de cas, d’études de surveillance et d’études épidémiologiques sont synthétisés.

Les produits de nettoyage et de désinfection sont composés de nombreux agents chimiques, pouvant être classés en irritants ou en sensibilisants. Les études de surveillance ont mis en avant la place importante de l’exposition aux produits de nettoyage dans l’asthme professionnel ou l’asthme exacerbé par le travail, en particulier dans le secteur de la santé. Dans des études épidémiologiques principalement transversales et dans une étude longitudinale prospective, des associations avec l’asthme ont été mises en évidence pour les professions de santé ou de ménage, ou l’exposition aux produits de nettoyage. Des associations avec l’asthme ont le plus souvent été observées pour l’utilisation d’ammoniac, d’eau de javel et de produits sous forme de spray, lorsque ces informations étaient disponibles. Peu d’études ont évalué le rôle des produits de nettoyage sur des phénotypes d’asthme spécifiques. Des associations avec l’asthme non IgE-dépendant et l’asthme IgE-dépendant ont été observées. Des travaux méthodologiques seraient nécessaires pour améliorer les estimations des expositions aux produits de nettoyage. Les estimations des expositions aux produits de nettoyage spécifiques sont le plus souvent basées sur la déclaration des sujets, ce qui peut engendrer des biais de déclaration différentiels.

Il est maintenant établi que l’exposition aux produits de nettoyage est liée à la fois à l’apparition de l’asthme et à des exacerbations d’asthmes préexistants. Il reste cependant de nombreuses questions sur les produits spécifiques impliqués et leurs mécanismes d’action. Des méthodes d’estimation des expositions plus objectives et applicables à de grandes populations, comme les matrices tâche-exposition, pourraient être développées. Des mesures quantitatives seraient utiles pour améliorer l’estimation des expositions.

Exposure to cleaning products is common, both at the workplace and at home. The objective of this article is to summarize the literature on the relationship between asthma and exposure to cleaning products.

A literature review has been conducted. After a brief presentation of the cleaning products potentially affecting respiratory health, results from case studies, surveillance studies and epidemiological studies are synthesized.

Cleaning and disinfecting products contain numerous chemicals, which may be irritants or sensitizers. Surveillance studies have underlined the role of exposure to cleaning products in occupational asthma and in work-exacerbated asthma, in particular in the healthcare industry. In epidemiological studies, associations with asthma were observed for healthcare and cleaning workers, or for exposure to cleaning products, in several cross-sectional studies and in one prospective longitudinal study. In studies with information regarding specific cleaning products, associations with asthma have been observed mostly for ammonia, bleach and cleaning sprays. Few studies have investigated the specific asthma phenotypes associated with exposure to cleaning products. Non IgE-dependent and IgE-dependent mechanisms have been suggested. Assessment methods for exposure to cleaning products need improvement. Assessment of exposure to specific cleaning products is often based on self-report, which may generate differential misclassification bias.

It is now established that exposure to cleaning products is related to both asthma onset and exacerbations of preexisting asthma. However, several questions remain regarding the specific cleaning products involved and their mechanisms. More objective exposure assessment methods, applicable to large populations such as task-exposure matrix, need to be developed. Quantitative measurements would be useful to improve exposure assessment.