Caractéristiques des douleurs au cours de la maladie de Fabry - 02/12/14
Résumé |
Introduction |
La maladie de Fabry (MF) est une maladie liée à l’X due à un déficit en une enzyme lysosomale l’alpha galactosidase A. Elle entraîne une accumulation de glycosphingolipides. Les manifestations cliniques incluent des douleurs invalidantes en lien avec une neuropathie touchant les petites fibres. En raison de la disponibilité d’un traitement enzymatique spécifique, un diagnostic précoce est crucial. L’objectif de ce travail est de caractériser les douleurs chez les hommes (H) et femmes (F) atteints de MF.
Patients et méthodes |
Étude observationnelle, non interventionnelle, rétrospective, multicentrique nationale menée entre janvier 2013 et avril 2014. Cette étude a été approuvée par les comités d’éthique locaux et par la CNIL (No d’approbation : 1588616). Tous les patients atteints de MF étaient éligibles pour cette étude. La MF a été confirmée dans chaque cas par un dosage de l’alpha galactosidase A et/ou une analyse génétique. Les caractéristiques de la douleur étaient recueillies par le patient ainsi que par son médecin référent dans chaque cas. Le score Neuropathic Pain Symptom Inventory (NPSI) a été utilisé au moment de l’évaluation et, rétrospectivement, au moment de la vie où la douleur était la plus forte.
Résultats |
Soixante-dix-neuf patients ont été inclus avec un âge médian de 43±14ans. Avant le diagnostic de MF, d’autres causes de douleurs ont été considérées (M : n=15 ; F : n=8) : anxiété (n=25), douleurs de croissance (n=17), rhumatisme articulaire aigu (n=7), polyarthrite rhumatoïde (n=1), maladie de Still (n=1). Un phénomène de Raynaud était présent chez 25 patients (30 %). Seuls 18 % des hommes et 15 % des femmes n’avaient pas de douleur selon le médecin référent. L’association de crises douloureuses et d’une douleur persistante était le phénotype le plus fréquent (M : 51 %, F : 43 %). Les crises douloureuses correspondaient à des sensations de brûlure (M=F), picotements (M=F), décharges électriques (M). La durée des crises douloureuses allait de quelques minutes (1/3 des patients) à plusieurs jours (M : 18 %, F : 11 %). Les facteurs aggravants étaient les changements de température, les efforts, les infections. D’autres symptômes étaient plus fréquents chez les hommes que chez les femmes : troubles de la sudation (p=0,02), lymphœdème (p=0,02), élévation de la créatinine (p=0,04). D’autres cas intrafamiliaux de douleurs des extrémités étaient retrouvés avec des différences entre les sexes : douleurs chez le père uniquement chez les femmes malades (p=0,002), douleurs chez les enfants et les cousins plus fréquemment chez les femmes malades (p=0,003 et p=0,002, respectivement). Le questionnaire NPSI a été recueilli dans 75 cas. La corrélation entre la perception du patient et celle de son médecin était bonne (kappa 0,73, IC 95 % : 0,57–0,90). Les patients douloureux étaient traités par enzymothérapie dans 69 % des cas alors que les patients non douloureux étaient traités par enzymothérapie dans 61,5 % des cas. L’enzymothérapie était considérée comme le traitement antalgique le plus efficace chez seulement deux hommes. La carbamazepine était le traitement noté comme le plus efficace sur les douleurs.
Conclusion |
Le diagnostic et le traitement symptomatique de la douleur sont importants chez les patients atteints de MF. Les brûlures des extrémités et les douleurs chez les apparentés sont une aide précieuse pour un diagnostic précoce. La plus grande fréquence des douleurs chroniques chez les femmes doivent intégrer les composants cliniques, psychologiques et sociaux de la douleur. Le traitement de la douleur chez les patients atteints de MF ne doit pas être limité aux médicaments mais doit inclure une prise en charge personnelle et familiale en particulier le fonctionnement psychologique du patient.
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Vol 35 - N° S2
P. A57-A58 - décembre 2014 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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