Les cas d'aliénation de la personne caractérisés par le bouleversement permanent des rapports intellectuels, affectifs et sociaux du Moi avec autrui et la réalité, comportent tous un délire, c'est-à-dire une altération du système de la réalité. L'auteur pose d'emblée un critère qui divise ces psychoses vésaniques en deux sous-groupes, les schizophrènes (avec désagrégation psychique) et les délires chroniques sans cette désagrégation (Verblödung, en allemand). Sans considérer le délire comme un phénomène primaire, l'auteur rappelle les étapes historiques de la connaissance de ces états et il souligne que le champ des délires chroniques inclut les délires fantastiques (paraphrénies) et les psychoses délirantes systématiques (paranoïa de la nosographie classique).

De plus, de façon prémonitoire aux classifications modernes, Henri Ey souligne sa conviction selon laquelle les formes schizophréniques ne sont qu'une partie de l'ensemble des psychoses vésaniques, liées à une évolution chronique en institution. Si on ne prend pas cette précaution, on méconnaît le travail de nos devanciers en clinique des états psychotiques et on en arrive à considérer que la schizophrénie englobe tout le groupe des psychoses délirantes. L'auteur rappelle cela ainsi : « une saine connaissance de la clinique et de l'historie de notre science, qui la reflète, impose l'idée que le genre n'est pas constitué par les formes d'organisation délirantes (vésaniques) de la personnalité, dont la schizophrénie est une espèce. »