L'auteur rappelle la définition de la sémiologie comme « partie de la médecine qui traite des signes des maladies ». Elle est donc liée aux signes, aux symptômes, aux événements d'un état pathologique. Par ailleurs, la linguistique la considère comme « la science générale des signes », le lien entre image acoustique et concept, les deux faces de l'arbitraire du signe. La sémiologie médicale porte sur le dégagement de signes pathognomoniques d'un trouble précis, ce qui implique une double réduction, du discours, puis des manifestations du corps, pour n'en retenir que les éléments les plus spécifiques. Cette réduction met entre parenthèses la question de la demande du patient.

En psychiatrie, l'étude des situations qui conduisent à l'examen clinique constitue un domaine extrinsèque à la sémiologie. Selon que le patient parle spontanément ou sous la pression de l'entourage social, cet examen prendra une signification et une orientation très diverses. Ce qui est intrinsèque à la sémiologie psychiatrique, c'est le dégagement des signes. La réduction des messages recueillis dans le discours du patient et parmi les manifestations de son corps ne peut s'opérer de façon aussi claire qu'en pathologie somatique. Sujet, objet et référent de la demande ne coïncident pas toujours, ce qui doit rendre le clinicien très attentif au mode de contact et de relation qui s'instaure entre le patient et le clinicien. Ce vécu même doit être analysé avec la plus grand rigueur pour dégager des « figures » connues dans les attitudes du patient, dont la conjonction seule permettra de reconnaître l'existence, non pas de signes, mais de manifestations dont la combinaison constitue les signes. Cette mise à jour ne peut s'opérer que dans les conditions les plus favorables pour la coopération du patient, la qualité d'écoute du clinicien et la confiance établie dans la relation. Ces mêmes exigences sont nécessaires à l'établissement du diagnostic.