But. La physiopathologie de la nécrose rétinienne aiguë est encore incomplètement élucidée. Des anomalies immunologiques ont été récemment décrites chez certains patients. La survenue d'une nécrose rétinienne aiguë chez une femme enceinte est exceptionnelle et pourrait être liée aux modifications du système immunologique pendant la grossesse.

Matériel et Méthode. Une femme de 34 ans, primipare et enceinte de 5,5 mois, a été prise en charge pour une nécrose rétinienne aiguë de l'oeil gauche. Une recherche du génome viral (HSV, VZV, CMV) a été réalisée dans l'humeur aqueuse, le liquide céphalo-rachidien et la sphère génitale. Le bilan immunologique initial et final (à 1 an) comprenait une quantification des lymphocytes B et T, des cellules NK par cytométrie de flux, et de la prolifération lymphocytaire (incorporation de thymidine tritiée) après incubation avec des mitogènes.

Résultats. Le diagnostic clinique d'atteinte herpétique a été confirmé par une amplification génique de l'HSV1 dans l'humeur aqueuse. Il n'existait pas d'atteinte neuro-méningée, ni génitale. L'étude immunologique montre que les lymphocytes B (CD19) et T (CD3, CD4, CD8) sont quantitativement normaux, et que les réponses lymphocytaires aux mitogènes concanavaline A et Pokeweed sont réduites lors de l'épisode de nécrose rétinienne pendant la grossesse. La réponse lymphocytaire réduite aux mitogènes, se normalisant en post-partum, est également décrite chez des patients atteints de nécrose rétinienne en dehors de la grossesse.

Commentaire et Conclusions. Chez les femmes enceintes atteintes de nécrose rétinienne aiguë, un bilan immunologique, qualitatif et quantitatif, est souhaitable afin de rechercher une réduction de la réponse lymphocytaire à certains mitogènes. Ce bilan peut être complété par une recherche d'un déficit temporaire de l'hypersensibilité retardée aux antigènes HSV.