Les adolescentes représentent une proportion importante des femmes accouchant sous X en France, et ces accouchements font suite, le plus souvent, à des grossesses déniées. Nous présentons trois situations d’adolescentes ayant accouché sous X, suivies en psychiatrie périnatale pendant leur grossesse dès la levée d’un déni partiel pour deux d’entre elles, et en post-partum immédiat d’un déni quasi-total pour la troisième. Des mécanismes de défense persistent après la découverte de la grossesse chez ces trois adolescentes, parfois au-delà de l’accouchement. Ces grossesses sont vécues comme une difficulté pour ces adolescentes et également pour leurs parents, dans des contextes familiaux de souffrances psychologiques anciennes ou de relations troublées. Nous discutons les conséquences du déni sur les processus psychiques de la grossesse, et supposons que la durée longue du déni pourrait modifier la relation d’objet de la femme enceinte au fœtus. Après la levée du déni, de nouvelles pensées de l’adolescente, en lien avec la réalité de l’enfant ou les réactions parentales, favoriseraient la mise en œuvre de nouveaux mécanismes de défense. Nous discutons la place de ces mécanismes de défenses et de l’agir dans le choix de l’accouchement sous X à l’adolescence, en regard du libre arbitre et de l’autonomie de décision. Dans la perspective du processus de séparation–individuation de l’adolescence, ces grossesses fortuites pourraient être perçues comme risquant d’entraîner une rupture brutale des liens entre l’adolescente et sa famille. L’accouchement sous X permettrait alors de maintenir intactes les relations et le statut de chacun au sein de la famille. Au cours des suivis que nous proposons après la découverte d’un déni de grossesse, le souhait exprimé par certaines femmes d’accoucher sous X introduit une réflexion éthique dans l’espace de la consultation.

Epidemiologic data identify that adolescents represent a significant proportion of women who give birth anonymously in France. In most cases, these births follow denials of pregnancies. Denial of pregnancy presents specific clinical characteristics during adolescence, period of psychological process rearrangements, and finalization of the separation–individuation process. We present three cases of adolescent mothers who gave birth anonymously, followed in psychiatric consultations during perinatal period. Two of them were followed during pregnancy, after the non-awareness period. The third adolescent was followed during the postnatal period, after an almost total denial of pregnancy. In these three cases, when denial turns off, defense mechanisms specific to adolescence persists until the birth or afterwards. These pregnancies are experienced as a difficulty for these adolescents and their parents also, in familial contexts of former psychological suffering or troubled relationships. We discuss the effects of denial on psychic process of pregnancy. We suggest that the long duration of denial would modify object relation from mother to fetus. When denial turns out, the adolescent experiment new thoughts, in line with the reality of her pregnancy or parental reactions, fostering the emergence of other defense mechanisms. This raises the issue of free will compared with these defensive processes. In terms of separation–individuation process, unlike planned teenage pregnancies generally perceived as likely to cause as family breakdowns, anonymous childbirth would appear as a way to keep intact family relationships and prevent separation between the adolescent and her parents. The practitioner may face rigid individual and family functioning, challenged by the discovery of the pregnancy after denial, which make impossible acceptance of the child. These consultations then engage in ethical reflection.