L'hépatotoxicité des médicaments constitue un challenge important dans le développement des nouvelles molécules et la sécurisation des traitements déjà disponibles. Les lésions hépatiques toxiques sont d'une très grande variété au point de reproduire pratiquement toutes les maladies hépatiques non iatrogènes. L'hépatite aiguë est la principale manifestation. Sa sévérité est extrêmement variable, allant d'une simple augmentation asymptomatique des enzymes hépatiques à une forme fulminante souvent mortelle. Le principal médicament en cause est le paracétamol par surdosage volontaire ou mésusage. Pour la grande majorité des autres médicaments, l'atteinte hépatique survient de façon imprévisible chez une faible proportion de patients. Le développement de registres nationaux et d'études prospectives internationales, ainsi qu'une révision des définitions et des critères de gravité et d'imputabilité ont permis récemment de grands progrès dans la connaissance des atteintes hépatiques. Malgré cela, le diagnostic d'atteinte hépatique médicamenteuse reste souvent difficile d'exclusion, reposant sur des critères chronologiques et cliniques. Des efforts importants sont faits pour trouver des marqueurs diagnostiques et prédictifs, et déterminer le rôle de facteurs génétiques. Parmi les nouveaux médicaments, les anticancéreux sont une cause fréquente conduisant à de nouvelles stratégies de prise en charge. Aux médicaments s'ajoutent de façon croissante le rôle des plantes médicinales et des compléments alimentaires. Le diagnostic est souvent encore plus difficile du fait de l'automédication, de l'achat via internet, et de la banalisation de ces produits lors de l'anamnèse. Les produits récréatifs (cocaïne, amphétamines, etc.) constituent une autre source d'atteinte hépatique difficile à détecter, car le plus souvent dissimulée par le patient. Les agents chimiques et industriels sont aussi une cause d'atteinte hépatique. Leur rôle est particulièrement difficile à mettre en évidence du fait que l'exposition est souvent méconnue, intermittente et accidentelle. Les hépatopathies médicamenteuses n'ont pas de traitement spécifique, hormis l'intoxication au paracétamol. La principale mesure consiste à interrompre l'exposition à l'agent responsable pour éviter une aggravation de l'atteinte hépatique.