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Épidémiologie des infections sexuellement transmissibles - 09/12/08

C. Chartier

Nous ne disposons pas de données exhaustives quant à l’épidémiologie des infections sexuellement transmissibles [1]. Effectivement les modalités de surveillance ne sont pas performantes. En France, la déclaration obligatoire de certaines IST a été abandonnée en 2000, juste au moment où l’on observait une remontée significative de leur incidence… On peut utiliser les données des dispensaires antivénériens (rebaptisés le plus souvent centres de dépistage des IST). Les données sont fiables mais correspondent à un recrutement particulier du fait du caractère gratuit des consultations (jeunes, étudiants, public précarisé). Par ailleurs ces structures ont disparu de certains départements au cours des années 1990, lorsque les IST étaient devenues rares… Il existe également des réseaux de surveillance nationaux des laboratoires d’analyse médicale (RENAGO, RENACHLA, etc.) et des réseaux de médecins généralistes sentinelles, mais ces réseaux fonctionnent sur la base du volontariat. Enfin la plupart des IST sont vues en médecine libérale et il n’y a aucun moyen de transmettre les données épidémiologiques. En revanche, il existe une déclaration obligatoire des cas de sida (mise en place rapidement au début de l’épidémie) et la France s’est pourvue d’un registre de déclaration de la séropositivité VIH depuis 2003.

La situation est différente selon les pays. Aux États-Unis, le CDC centralise de nombreuses données. Les pays scandinaves ont également des recueils assez complets. Les pays en voie de développement, en particulier l’Afrique, diffusent des données correspondant à des études parcellaires qui concernent surtout l’infection VIH. Enfin la communication officielle de certains régimes politiques (les pays d’Europe de l’Est, la Chine, etc.) signale qu’il n’y a aucune IST.

Il est cependant possible de décrire les grandes tendances épidémiologiques des IST. Ces infections étaient très fréquentes jusqu’au début des années 1980 : la mise à disposition de la contraception œstroprogestative (1967) et la libéralisation des pratiques sexuelles des années 1970 expliquent parfaitement cette explosion des IST. Au cours des années 1980, on assiste à une chute spectaculaire des IST, en raison de l’épidémie de VIH/sida : les comportements sexuels changent avec une certaine « stabilité affective » et les rapports sont protégés. Depuis la fin des années 1990, on assiste à un retour des IST que l’on peut expliquer par la conjonction de différents facteurs : l’arrivée des trithérapies qui a dédramatisé l’infection par le VIH, la lassitude d’une sexualité protégée (le relapse ou le relâchement de la prévention), les rapports buccogénitaux, rarement protégés, qui transmettent très facilement les IST (alors que la transmission du VIH par le sexe oral est beaucoup plus exceptionnelle), les mouvements de populations, en particulier les populations de l’Est qui s’installent en Europe occidentale.

Enfin, il faut signaler la reprise des comportements à risque dans la communauté homosexuelle. Différentes enquêtes « presse gay » confirment ces données : augmentation du nombre des rapports sexuels avec des partenaires occasionnels anonymes, utilisation moins fréquente du préservatif lors des pénétrations anales. Cette prise de risque est plus importante chez des homosexuels séropositifs pour le VIH. Différentes explications sont possibles : mauvaise information chez les jeunes homosexuels, lassitude chez les moins jeunes, sexe sur Internet, prise de drogues, d’alcool, efficacité des trithérapies, confiance dans les trithérapies prophylactiques post-exposition sexuelle, voire possible envie de s’exposer au VIH (barebacking)… Mais il s’agit aussi d’un retour à une situation antérieure dans une population qui est en meilleure forme physique et psychique. Enfin, les acteurs de prévention sont épuisés, il y a peu de relève dans le milieu associatif et le soutien institutionnel et financier des pouvoirs publics s’est également réduit.



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