La lutte contre les dommages induits par la consommation d'alcool suppose parfois l'utilisation de la contrainte. Deux modalités d'approche de la contrainte aux soins apparaissent : le cadre judiciaire fondé sur des mesures entourant la sentence ou la précédant et le cadre médicoadministratif reposant sur la loi du 27 juin 1990. La loi du 15 avril 1954 a constitué une tentative d'articulation entre les deux champs. La contrainte juridique s'intéresse plus particulièrement à limiter la récidive de faits répréhensibles associés à la consommation aiguë ou chronique d'alcool en obligeant la rencontre avec le système de soins. La caractérisation clinique du mésusage et des troubles psychiatriques l'accompagnant n'est donc pas son objet premier. La contrainte sanitaire repose sur l'apparition d'un trouble mental induit par la consommation d'alcool ou lié à celle-ci et nécessite donc une évaluation clinique approfondie en dehors de l'intoxication aiguë. Ce travail implique une rencontre singulière avec l'entourage du patient. La perte de liberté associée à la dépendance et la dangerosité concomitante de l'intoxication sont les supports d'une réflexion éthique sur la contrainte aux soins dans le mésusage d'alcool. Cette contrainte, qui s'impose parfois comme l'unique modalité d'entrée dans un processus d'abstinence, doit être envisagée sous l'angle de l'aide au changement. La rencontre avec le système de soin requiert alors le déploiement de techniques motivationnelles permettant l'acceptation d'une décision de changement. Le travail du soignant implique le développement de la relation d'aide reposant sur la congruence, le respect et l'empathie.