Le processus de professionnalisation s'ordonne non seulement sur la capitalisation des apprentissages, en quoi consistent l'exercice et l'expérience professionnels, mais aussi sur la production de savoirs à partir des questionnements sans solution de continuité sur les difficultés qui traversent la pratique soignante : problématiser et théoriser en constituent le socle, les opérations de la conscience intentionnelle (la connaissance empirique, la connaissance intellectuelle, la connaissance rationnelle et la connaissance responsable) la méthodologie indiquée. Les conditions de possibilité de cette professionnalisation reposent sur la distinction claire entre rôle professionnel et complexion psychologique (structure de personnalité) de l'acteur des soins, car la collusion entre les deux constitue un obstacle inhibiteur de ce processus. La nécessaire césure entre rôle et structure de personnalité permet l'amélioration du rôle et de l'identité professionnels, la production des connaissances, la collaboration avec les collègues, le renforcement de la personnalité qui gagne en confiance, la capacité d'argumenter, le respect des patients et l'efficacité dans les soins. Le processus de professionnalisation est garant de la compétence au travail, de l'efficacité des soins, du respect du patient, de la production des savoirs infirmiers, et est en même temps une prévention des violences et des dérives psychopathologiques ou psychosomatiques dont la traduction est la décompensation des organisations de personnalité narcissiques, égocentriques, infantiles et hétéronomes sous forme de dépression nerveuse. Dans le processus de cette professionnalisation, l'accomplissement des tâches complexes est rendu possible par l'exploitation des connaissances déclaratives, procédurales et des heuristiques ou stratégies cognitives que l'infirmier possède et élabore. Le travail d'exploitation de ces connaissances lors de la programmation et du contrôle des actions de soins entreprises est guidé par le processus de contrôle, d'évaluation et par les stratégies métacognitives du soignant. Le processus de professionnalisation pose la question de ce qui est désirable, préférable, faisable dans la pratique soignante, sur la manière d'évaluer les actions de soins entreprises, de poser les critères d'évaluation de ces actions, et ce en vue de quoi telle ou telle action est déployée, en quoi consiste la portée éthique de ce processus.