La prise en charge des dermatoses professionnelles est souvent complexe ; elle nécessite des compétences à la fois en dermatologie et en médecine du travail. Une consultation spécialisée bi-disciplinaire de dermatologie professionnelle a été mise en place au CHU de Brest depuis 2002. Le but de cette étude est de faire le point sur cinq ans d’activité de cette consultation et d’évaluer la place de l’atopie dans les dermatoses professionnelles.

Entre octobre 2002 et octobre 2007, 247 patients ont eu recours à la consultation bi-disciplinaire de dermatologie professionnelle. Cent quarante-cinq dossiers ont été sélectionnés à partir des critères de Mathias comme concernant effectivement une dermatose professionnelle. Pour chacun de ces dossiers ont été relevés l’âge, le sexe et la profession du patient, les dermatoses présentées et les allergènes éventuellement impliqués, les antécédents d’atopie cutanée ou non cutanée. De plus, 105 patients ont répondu à un questionnaire téléphonique portant sur leur ressenti de la consultation, l’évolution de leur dermatose et leur devenir médicosocial.

Les principales dermatoses rencontrées étaient l’eczéma de contact (41 %), la dermite irritative (26 %), la poussée de dermatite atopique (10 %) et l’association dermite de contact et dermite irritative (9 %) ; diverses autres affections représentaient 14 % des dossiers.

Les professions rencontrées (professions de santé, BTP, métiers de bouche, agriculture, mécanique, coiffure, nettoyage, imprimerie) et les allergènes mis en cause étaient comparables à ceux trouvés dans la littérature. Le pronostic était globalement médiocre (48 % de guérison). La différence entre dermite irritative et dermite de contact était parfois difficile et reposait sur des arguments cliniques, ainsi que la réalisation de tests allergologiques. Un antécédent d’atopie était présent chez 32 % des patients et était particulièrement fréquent en cas d’association d’une dermite irritative et d’un eczéma de contact, ce qui peut s’expliquer par les mécanismes physiopathologiques de l’atopie.

L’intérêt d’une consultation bi-disciplinaire de dermatologie professionnelle est d’optimiser la prise en charge des patients concernés. Une meilleure déclaration des dermatoses professionnelles permettrait de mieux les connaître et donc de mieux les prévenir.

The management of occupational dermatitis is often complex and relies on skills in both dermatology and occupational medicine. A bidisciplinary occupational dermatology consultation was set up in 2002 at Brest CHU. The aim of this study is to provide an assessment of 5years of activity and to discuss the role of atopy.

From October 2002 to October 2007, 245 patients attended this consultation. 145 files concerning proven occupational dermatosis were studied (age, sex, occupation, dermatosis, allergens and history of atopy). One hundre and five patients completed a telephone questionnaire concerning their feelings about the consultation, the course of their dermatosis and the medicosocial outcome.

The main forms of dermatosis were contact eczema (41%), irritant dermatitis (26%), exacerbation of atopic dermatitis (10%), associated eczema and irritant dermatitis (9%), and other (14%).

The occupations of subjects (healthcare, building and civil engineering work, food and catering, agriculture, mechanics, hairdressing, cleaning, printing) and the allergens involved were similar to those described in the literature. The prognosis was poor (48% cure rate). Differential diagnosis between allergic eczema and irritant dermatitis was sometimes difficult and was based on clinical features and allergology tests. A history of atopy was found in 32% of patients and was particularly frequent among patients presenting allergic eczema associated with irritant dermatitis: this may be explained by the physiopathological mechanisms of atopic dermatitis (impairment of barrier function causing contact sensitization to potential allergens).

Such a bidiscipinary occupational dermatology consultation has the advantage of optimizing management of these patients. Wider notification of occupational dermatosis would increase our knowledge of the causes of this condition and enable better prevention.