La kératoconjonctivite gonococcique de l’adulte est une pathologie rare possiblement cécitante dont la gravité repose sur le risque de perforation cornéenne et dont l’évolution est conditionnée par la rapidité du diagnostic et de la prise en charge thérapeutique.

Discuter l’intérêt de la corticothérapie générale dans le traitement de la sclérite associée dans cette affection.

Analyse rétrospective de patients porteurs de kératoconjonctivite gonococcique de l’adulte pris en charge en urgence au cours de l’année 2007.

Trois patients âgés de 22 à 55 ans contractèrent l’affection, à la suite de rapports sexuels non protégés. L’atteinte était bilatérale dans deux cas sur trois, l’intensité des signes était toujours asymétrique. Chaque patient fut victime d’une fonte stromale limbique supérieure, de gravité proportionnelle au retard de prise en charge. Pour chaque cas, l’antibiothérapie systémique et locale ne permit pas de contrôler l’amincissement cornéen, qui semblait corrélé à l’intensité des signes inflammatoires scléraux systématiquement associés. Le traitement de la sclérite par corticothérapie générale sous couverture antibiotique permit d’obtenir une stabilisation de l’épaisseur cornéenne.

La physiopathologie de l’amincissement cornéen périlimbique pouvant conduire à la perforation oculaire dans cette affection est inconnue. La stabilisation de l’épaisseur cornéenne semble dans notre expérience corrélée à la régression de la sclérite observée après introduction de la corticothérapie générale et pourrait orienter vers une atteinte pariétale inflammatoire aseptique.

La fonte stromale limbique observée dans les kératoconjonctivites gonococciques de l’adulte semble être liée à une sclérite associée. Le recours à une corticothérapie systémique permet d’en contrôler l’évolution et de réduire le risque de perforation cornéenne.

Adult gonococcal keratoconjunctivitis is a rare disease possibly leading to blindness, whose severity is related to the risk of corneal perforation and whose progression is conditioned by the rapidity of diagnosis and therapeutic management.

Discuss the value of general corticotherapy in the treatment of scleritis associated with this disease.

Retrospective analysis of patients with adult gonococcal keratoconjunctivitis managed in an emergency setting in 2007.

Three patients aged 22–55 years contracted the disease during unprotected sexual activity. Involvement was bilateral in two cases out of three; the intensity of the signs was always asymmetrical. Each patient underwent stromal melting of the superior limbic structures, with severity proportional to the delay in treatment. For each case, systemic and local antibiotics did not control corneal thinning, which seemed correlated with the intensity of the systematically associated signs of scleral inflammation. Treatment of scleritis with general corticotherapy under antibiotic cover stabilized the corneal thickness.

Whether the physiopathology of perilimbic corneal thinning can lead to ocular perforation in this condition is unknown. In our experience, the stabilization of corneal thickness seems correlated with regression of the scleritis observed after introducing general corticotherapy, potentially indicating aseptic inflammatory involvement.

Stromal melting of the limbus observed in adult gonococcal keratoconjunctivitis seems to be related to the associated scleritis. Systemic corticotherapy controls progression and reduces the risk of corneal perforation.