La très large utilisation des psychotropes dans la population âgée se justifie par une fréquence élevée des pathologies psychiatriques au cours du vieillissement, et par les risques à laisser sans traitement ces pathologies pouvant avoir des complications dramatiques en termes d'altération du pronostic fonctionnel ou de risque de passage à l'acte suicidaire. Cependant, les prescriptions inappropriées de psychotropes sont nombreuses dans cette population. En effet, les études épidémiologiques nous apprennent que les psychotropes sont sous-utilisés dans certaines pathologies, et à l'inverse sont à l'origine d'une surprescription dans d'autres. Or, les risques liés à l'utilisation des psychotropes chez le sujet âgé sont précisément ceux d'un excès ou d'une insuffisance de prescription : d'une part, l'excès de prescriptions expose le patient au risque iatrogénique, d'autre part, l'excès de prudence expose au risque d'inefficacité là où un traitement psychotrope pourrait significativement améliorer le pronostic du patient. Le prescripteur doit faire face à cette double contrainte de bien connaître chaque classe pharmacologique, ses indications reconnues et les risques liés à leur utilisation dans les pathologies psychiatriques de l'âgé ainsi que les recommandations de bonnes pratiques et les données de plus en plus nombreuses de la littérature scientifique. Le prescripteur doit être particulièrement sensibilisé, notamment aux options thérapeutiques disponibles dans les pathologies psychiatriques fréquentes chez l'âgé que sont la dépression et les troubles anxieux, ainsi qu'aux risques liés à la surconsommation d'anxiolytiques et à la prescription encore insuffisante d'antidépresseurs. Il doit également connaître les spécificités pharmacologiques du traitement des troubles psychiatriques associés à la démence, notamment aux risques d'une prescription excessive de neuroleptiques à l'origine d'effets indésirables potentiellement graves.