Le suicide de l'enfant condense bien des contrastes, à commencer par l'association entre suicide et enfant. Déjà accoler mort à enfant génère un sentiment insupportable, alors qualifier cette mort de suicide confine souvent à l'impossible et ainsi à mésestimer ce phénomène. Le tableau s'obscurcit un peu plus dès lors qu'à définitions incertaines viennent s'ajouter des hypothèses compréhensives qui par essence suscitent à la fois des pistes de réflexion et des doutes sur fond de perplexité interrogative. En fait, seule la clinique semble assez objectivable pour donner le sentiment d'avoir prise sur ce phénomène qui échappe tant dans sa qualification que sa compréhension. Une autre manière de circonscrire la compréhension du suicide chez l'enfant tient à l'individualisation d'un certain nombre de facteurs qui potentiellement exposent, voire précipitent la survenue de ce geste. En tout état de cause, le suicide de l'enfant et les facteurs qui peuvent lui être associés doivent s'appréhender dans une perspective intégrative et développementale. Dès lors, le suicide devient l'événement tragique d'une trajectoire de vie dont on peut mesurer rétrospectivement combien elle a pu avoir été marquée depuis son commencement, voire avant. Le constat du suicide d'un enfant nous confrontant de fait à l'irréversible et à l'impuissance thérapeutique, il va s'agir de mobiliser toutes nos ressources tant au niveau de la prévention, du repérage, que de la prise en charge précoces des souffrances infantiles pouvant conduire à ce type d'issue.