La grotte du Rond-du-Barry s’ouvre en Velay dans un environnement de moyenne montagne, au cœur du bassin sédimentaire cénozoïque du Puy-en-Velay. Elle a livré une archéo-séquence comportant du Paléolithique moyen, du Badegoulien, du Magdalénien et des occupations plus récentes. Entre deux axes d’écoulement majeurs – la vallée de la Loire à l’est et la vallée de l’Allier à l’ouest – la région considérée est un terrain privilégié pour définir les modalités d’exploitation et de gestion du(des) territoire(s) occupé(s) par les hommes préhistoriques et le rôle qu’ont pu jouer les éléments structurant le paysage à la fin du Pléistocène supérieur. L’étude des matières premières des séries archéologiques permet d’évaluer les déplacements des matériaux, considérée depuis longtemps en Préhistoire comme un traceur fiable des mouvements de groupes humains. En se fondant sur une méthodologie renouvelée intégrant la notion de « chaîne évolutive » du silex, nous avons entrepris de réaliser l’étude intégrale de la série lithique de la couche F2 de la grotte du Rond-du-Barry, attribuée au Badegoulien. Les résultats obtenus diffèrent de ceux des études précédentes, aussi bien en termes de quantité que de diversité des matériaux identifiés. Les Badegouliens se sont affranchis des contraintes physiques imposées par un milieu qu’ils connaissent bien, en témoigne la diversité des matériaux locaux et semi-locaux collectés dans des gîtes variés. L’importation de matières premières siliceuses provenant des franges méridionales du Bassin parisien (Berry, Touraine) révèle peut-être une planification des besoins avec l’import de grands modules de silex, plus rares dans les gîtes régionaux, mais recouvre vraisemblablement des logiques qui échappent à la seule investigation concernant les objets lithiques.

Rond-du-Barry cave is situated in the centre of the Cenozoïc sedimentary basin of Puy-en-Velay in a mountainous environment. It contains Middle Palaeolithic, Badegoulian, Magdalenian and more recent occupation levels. Lying between two major river corridors (the Loire to the west and the Allier to the east), this site provides a special opportunity for defining exploitation and management modalities linked to the territory occupied by the prehistoric humans who inhabited the cave and the role played by the landscape's structural elements in human behavior at the end of the Upper Pleistocene. Lithic raw material analysis of the archaeological assemblages allowed us to define the dispersal of raw materials used in the site. Such dispersal has for some time been considered to provide a reliable reflection of actual movements of human groups. Our study, based on a modified methodology incorporating the concept of a chaine évolutive for flint, focused on the lithic artifacts from Rond-du-Barry unit F2, which are attributed to the Badegoulian. The results of our study differ from those of previous studies in terms of the diversity of the raw material being used and the frequency of occurrence for each type. Our conclusion is that Badegoulian humans were not physically constrained by a familiar territory, but traveled and/or traded widely in their quest for suitable raw materials. The diversity in the lithic raw materials, gathered locally and semi-locally from different primary and secondary outcrops demonstrates this territorial range. Importation of siliceous raw material originating from the meridional edge of the Paris basin (Berry, Touraine) suggests a planned resource-use strategy for obtaining large pieces of flint, which are rare in the regional outcrops. However, unraveling the resource use strategies to this degree of intention lies beyond what can be revealed by the lithic material alone.