Le lupus systémique est un facteur de risque d’infection à chikungunya grave : analyse de 15 cas aux Antilles françaises - 02/12/14
Résumé |
Introduction |
Les infections sont une des principales causes de mortalité et de morbidité au cours du lupus systémique (LS). Le chikungunya (CHIK) est une arbovirose transmise par les moustiques qui se caractérise par une polyarthrite aiguë fébrile, souvent persistante et invalidante, volontiers accompagnée d’une éruption cutanée. Des formes graves avec atteintes neurologiques, cardiaques ou hépatiques sont décrites, avec un groupe très à risque que sont les nouveau-nés. Les Antilles françaises étant une région de forte prévalence du LS et, depuis 2013, une zone émergente de CHIK, nous rapportons le tableau initial de 15 patients ayant contracté le virus chikungunya. Aucune donnée n’existe dans la littérature sur ce sujet.
Patients et méthodes |
Une étude rétrospective a été menée de janvier à août 2014 au CHU de Martinique. Les patients inclus présentaient un LS selon les critères ACR 1997 et ont été vus avec un CHIK symptomatique et une confirmation biologique (détection initiale de l’ARN viral du CHIK par PCR-RT ou présence d’anticorps de type IgM ou IgG spécifiques anti-CHIK par méthode Elisa). Nous avons recueilli le tableau clinique et biologique à la consultation précédente et au moment du CHIK.
Résultats |
Quinze patients dont 12 femmes, avec un âge moyen de 50ans (±10,9ans) ont été inclus. Vingt pour cent (n=3) avaient une PCR CHIK positive et 80 % (n=12) une sérologie CHIK positive. Au diagnostic, tous les patients présentaient de la fièvre et des arthralgies dont 33 % (n=5) d’arthrites, principalement au niveau des poignets et des chevilles. Une éruption cutanée était présente % (n=8), de type éruption morbilliforme (33 %, n=5), dermatose bulleuse (20 %, n=3) et œdèmes des extrémités (26 %, n=4). La CRP initiale était en moyenne>150mg/L. On observait une thrombopénie et une leucopénie dans 26 % des cas (n=4). Le score moyen de SLEDAI avant infection était de 2,1 et au moment de l’infection de 4,5. Deux biopsies rénales réalisées devant un syndrome néphrotique de novo montraient une néphropathie lupique de classe III, des lésions de nécrose tubulaire aiguë et une hyalinose segmentaire et focale. Dans les 6mois précédant le CHIK, 73 % (n=11) recevaient plus de 5mg de prednisone, 60 % (n=9) étaient sous immunosuppresseur, tous recevaient de l’hydroxychloroquine. Des signes de gravité survenaient chez 3 patients (20 %) sans traitement immunosuppresseur, avec 1 syndrome d’activation macrophagique (PCR CHIK+dans la moelle à 18jours), 1 encéphalite avec purpura bulleux et 1 tableau de défaillance multiviscérale avec hypotension sévère, troubles de conscience, thrombopénie grave et syndrome de fuite capillaire avec éruption cutanée de type érythème nécrolytique toxique (PCR Chik+dans le liquide de bulles à 2semaines), aboutissant au décès.
Discussion |
L’infection CHIK et le LS présentent des manifestations communes avec fièvre, atteintes articulaires, leucopénie et thrombopénie rendant difficile le diagnostic différentiel. De plus, une poussée de lupus systémique peut être déclenchée par le CHIK. Quelques aspects du CHIK permettent toutefois de tenter de lui attribuer certaines manifestations : œdèmes et douleurs acraux majeurs, localisation, forme et extension des lésions cutanées, douleurs articulaires d’horaire inflammatoire mais avec une raideur de durée courte.
Conclusion |
En conclusion, les quelques tableaux très graves de CHIK que nous rapportons, proches de ce qu’on voit chez le nouveau-né, font du LS un facteur de risque important.
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Vol 35 - N° S2
P. A99-A100 - décembre 2014 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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