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Obésité et ostéoporose - 09/02/16

Doi : 10.1016/j.monrhu.2015.09.003 
Bernard Cortet a, , b , Christian Roux c
a EA 4490, département universitaire de rhumatologie, université de Lille 2, faculté de médecine Henri-Warembourg, avenue Eugène-Avinée, 59045 Lille, France 
b CHU de Lille, 2, avenue Oscar-Lambret, 59000 Lille, France 
c Inserm U1153, université Paris Descartes, hôpital Cochin, fédération de rhumatologie, 75014 Paris, France 

Auteur correspondant.

Résumé

Un faible indice de masse corporelle (IMC) constitue un facteur de risque classique de fracture. Ainsi, toute diminution d’une unité de l’IMC est à l’origine d’une réduction modérée (mais significative) du risque de fracture. La réduction est plus conséquente si on s’intéresse aux fractures par fragilité. Elle est encore plus importante si on se focalise sur les fractures de hanche. En revanche, après ajustement pour la densité minérale osseuse (DMO), cette association disparaît. Il est maintenant bien établi que l’effet protecteur du poids sur le risque de fracture ne se manifeste que jusqu’à un certain seuil d’IMC (25 kg/m2). Au-delà de ce seuil, l’incidence fracturaire ne varie plus. Après ajustement pour la DMO, il semble même qu’un IMC supérieur à 30 kg/m2 puisse être à l’origine d’une augmentation du risque de fracture. Les publications indiquant que l’obésité n’est pas protectrice quant à l’apparition de fractures par fragilité osseuse sont récentes. L’analyse des données (qui ne sont par ailleurs pas toutes unanimes) est complexe dans la mesure où l’effet de l’obésité est différent en fonction du siège de la fracture. Chez la femme, l’obésité semble associée à une augmentation du risque de fracture du tibia (extrémité supérieure et inférieure), de la diaphyse fémorale ainsi que de l’extrémité supérieure de l’humérus. A contrario, l’obésité apparaît protectrice en ce qui concerne les fractures du poignet, de la hanche et du bassin. Le sexe est également un élément important à prendre en considération. Ainsi chez l’homme, l’obésité (après ajustement pour la DMO) constitue un facteur de risque de fracture de hanche. Pour les fractures vertébrales, l’obésité serait un facteur protecteur chez l’homme mais favorisant chez la femme. En termes mécanistiques, beaucoup d’inconnues demeurent. Au-delà des contraintes mécaniques qui peuvent constituer une explication évidente pour comprendre l’augmentation de l’incidence de certaines fractures chez les obèses, il faut prendre en considération la complexité du tissu adipeux. Ce véritable organe endocrine considéré jusqu’à présent comme un simple réservoir est doué de propriétés métaboliques conséquentes. Il est notamment capable de sécréter des adipokines. La plus connue d’entre elles est la leptine. La leptine mesurée en périphérie a plutôt un effet protecteur au niveau osseux. Une autre adipokine, l’adiponectine, pourrait également être impliquée dans le métabolisme osseux avec une action opposée par rapport à la leptine. En outre, l’obésité appartient comme d’autres affections à la catégorie des maladies chroniques à l’origine d’une inflammation évoluant à bas bruit. Ainsi, la sécrétion par le tissu adipeux de cytokines pro-inflammatoires pourrait constituer une piste explicative intéressante.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Abstract

A low body mass index (BMI) is a usual risk factor for fracture. Any decrease of a unit of BMI is associated with a moderate (but significant) decreased risk of fracture. The association is higher for fragility fractures (particularly for hip fractures). However, after adjusting for bone mineral density (BMD), this association is no longer significant. It is now well established that the protective effect of increased weight on the risk of fracture occurs only up to a certain threshold of BMI (25 kg/m2). Beyond that threshold, the incidence of fractures no longer varies. After adjustment for BMD, it seems that a BMI over 30 kg/m2 may be associated with an increased risk of fracture. The publications indicating that obesity is not always protective regarding the occurrence of fractures are recent. The analysis of data (which are otherwise not all unanimous) is complex since the effect of obesity depends on the site of the fracture. In women, obesity seems to be associated with an increased risk of fracture for tibia (upper and lower extremity), femoral shaft and the upper extremity of the humerus. Conversely, obesity appears protective regarding wrist, hip and pelvis fractures. Gender should also be taken into account. For men, obesity (after adjustment for BMD) is a risk factor for hip fracture. For vertebral fractures, obesity would be a protective factor for men but favoring for women. In mechanistic terms, many unknowns remain. Beyond the mechanical stresses, which can be an obvious explanation to understand the increased incidence of certain fractures in obese; the complexity of adipose tissue should also be taken into account. This endocrine organ has in fact substantial metabolic properties. It is especially capable of secreting adipokines. The best known of these is leptin. Leptin (measured in the serum) has a protective effect on bone. Another adipokine, adiponectin, may also be involved in bone metabolism with an opposite action compared to leptin. In addition, obesity belongs to the category of disorders causing low level of inflammation. Thus, secretion by adipose tissue of pro-inflammatory cytokines could also be an interesting explanatory track.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Mots clés : Obésité, Surpoids, Indice de masse corporelle, Ostéoporose, Densitométrie osseuse, Fracture

Keywords : Obesity, Overweight, Body mass index, Osteoporosis, Bone densitometry, Fracture


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Vol 83 - N° 1

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