Les greffes cutanées, particulièrement celles réalisées en pastilles selon la technique de Reverdin, mais également les greffes en résilles, sont largement utilisées en médecine vasculaire. Les indications principales sont les plaies chroniques de jambe : angiodermites nécrotiques, ulcères artériels ou mixtes après revascularisation et ulcères veineux. Comme souvent avec des traitements utilisés depuis plusieurs décennies, aucune étude comparative n’a prouvé l’efficacité des greffes cutanées sur le taux ou le délai de cicatrisation complète. L’effet sur la douleur est en général un objectif secondaire des études ouvertes publiées, et évalué sommairement par une échelle visuelle analogique (Cochrane 2013). Des données solides apparaissent cependant au fil du temps. Dans les angiodermites nécrotiques, quelles que soient la technique de greffe et les études (ouvertes), une diminution significative de la douleur est observée dans les 5jours suivant le geste, permettant dans la majorité des cas un sevrage en opiacés en 7 à 10jours. Cette sédation de la douleur est contemporaine de la disparition du halo violacé périphérique, et est observée même si la greffe ne prend pas complètement. Pour les ulcères veineux, la douleur est présente dans 60 à 85 % des cas. L’effet antalgique immédiat des greffes est moins bien évalué, sur de petits effectifs, mais serait maximal à 7jours. Il est également mesuré à distance des greffes (1, 3 ou 6 mois) et il est alors difficile de savoir s’il s’agit d’un effet propre à la greffe ou propre à la cicatrisation des plaies. Le mécanisme physiopathologique de l’effet antalgique des greffes n’est pas pour l’instant expliqué mais il est intéressant de noter que la greffe de substituts cutanés, l’application de cultures kératinocytaires ou même de membranes amniotiques ont également un effet antalgique assez rapide, qui semble supérieur à celui obtenu avec une simple occlusion.