Le lévétiracétam, chimiquement proche du piracétam (équivalent du GABA cyclisé), est commercialisé en France depuis 2001 comme antiépileptique. Suite à un cas de surconsommation majeur, nous faisons le point sur les cas d’abus et/ou de détournement.

Une revue de la littérature et de l’Internet est faite. Le réseau des centres d’addictovigilance a été interrogé et une recherche en base nationale effectuée.

Cinq cas rapportés aux CEIP-A : 1 patient avec sur-prescription détecté par la CPAM, 1 cas de surconsommation (540 cp/semaine), un syndrome de sevrage (clobazam concomitant), un cas d’abus chez une patiente présentant un trouble chronique d’observance, un cas de recherche d’effet « speed ». Un cas rapporté par un industriel concerne une addiction suspectée par son médecin. Dans Osiap, 7 cas d’ordonnances falsifiées sont retrouvées de 2004 à 2014. La base OPPIDUM contient 19 sujets ayant consommé du lévétiracétam, 6 sujets signalant une souffrance à l’arrêt et 9 déclarant un effet « positif » sans surconsommation ni mésusage. Dans la base Opema, 7 sujets reçoivent du lévétiracétam mais aucun ne présente un signal d’abus ou de dépendance. Par ailleurs, 50 cas d’addiction au lévétiracétam ont été rapportés depuis 2000 à la Food and Drug Administration, le plus souvent des femmes, la tranche d’âge la plus touchée est 30–39 ans. Le mécanisme d’action du lévétiracétam n’est pas complètement élucidé. Il diminue le relargage médié par les protéines SV2A présynaptiques et possède une action gabaergique indirecte. En cas de surdosage, les effets pharmacologiques ne sont pas élucidés, et des hallucinations sont publiées. Un effet nootropique est rapporté sur les forums. Le surdosage entraîne : bradycardies, hypotensions et dépressions respiratoires.

Le signal est faible. Cependant, cette famille est à surveiller ; un nouveau dérivé, le brivaracétam, présenté comme plus efficace car plus affin aux SV2A, vient d’être approuvé aux États-Unis.