L’internationalisation des collectifs de travail et l’utilisation croissante de l’anglais comme langue unique de communication soulève de nouvelles questions en matière de conditions de travail et de santé, auxquelles les médecins du travail se trouvent confrontés de manière croissante. Une enquête menée par la CFE-CGC en 2012 dans le cadre d’un colloque organisé sur le sujet et intitulé « le tout anglais dans l’entreprise » a, en effet, mis en évidence que le fait de devoir travailler dans une langue différente de sa langue maternelle était générateur de difficultés de fonctionnement comme l’ont montré les résultats des sondages effectués à cette occasion ainsi que l’échec de fusions mal préparées mais également de stress pour les salariés. Or cette situation concernait, au moment de l’enquête, environ 70 % des salariés cadres et agents de maîtrise et parmi ces mêmes personnes 45 % estimaient que cela procurait du stress.

À l’occasion d’un sondage réalisé à la suite de ce colloque on a trouvé des chiffres très voisins avec des réponses à des nouvelles questions :

– l’usage de cette langue non maternelle entraîne-t-il une fatigue supplémentaire la réponse est affirmative pour 51 % des sondés ;

– l’usage de cette langue non maternelle entraîne-t-il un changement de mode de pensée la réponse est affirmative pour 47 % des sondés.

Parmi ces 47 % la question posée a été : ce changement de mode de pensée a-t-il été facile ou difficile la réponse a été assez difficile pour 42 % de ces sondés en question. La communication proposée s’intéressera au rôle que le médecin du travail peut jouer, en coopération avec les autres acteurs de l’entreprise, en matière d’ergonomie mentale et de prévention sur cet aspect spécifique.

Elle s’appuiera notamment sur notre expérience de médecin du travail dans le secteur de la construction où cette thématique ancienne prend une ampleur nouvelle avec l’ouverture des frontières européennes et les tentatives de règlement dit « Molière ».

Le secteur de la construction se caractérise par une nécessité impérieuse de communication et de fine intercompréhension entre les différentes parties prenantes sous peine de malfaçons et de risques importants de sécurité pour la construction et pour le personnel.

Notre analyse s’appuiera notamment sur les réflexions engagées par un collectif de travail mis en place conjointement par la CFE-CGC, l’association Demain Nos Langues et le CNRS en vue de l’élaboration d’un webdocumentaire sur les langues au travail.