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Reconnaissance et prise en charge initiale du mélanome par des médecins généralistes : enquête dans un département rural à très faible densité médicale - 16/05/18

Recognition and initial management of melanoma by general practitioners: A survey in a rural French area with low medical density

Doi : 10.1016/j.lpm.2017.11.024 
Valérie Zimmerlé 1, 2, Emeline Laurent 3, Valérie Tauveron 1, Annabel Maruani 1, Emmanuelle Le Bidre 1, Mahtab Samimi 1, Laurent Machet 1, 4,
1 CHRU de Tours, service de dermatologie, 37044 Tours, France 
2 Université de Tours, département de médecine générale, 37032 Tours, France 
3 CHRU de Tours, service d’épidémiologie et biostatistiques, 37044 Tours, France 
4 Université de Tours, Inserm U1253, iBrain, 37032 Tours, France 

Laurent Machet, CHRU de Tours, service de dermatologie, 37044 Tours cedex 09, France.CHRU de Tours, service de dermatologie, 37044 Tours cedex 09, France.

Résumé

Introduction

Les cancers cutanés sont très fréquents, visibles sur peau, le médecin généraliste (MG) est en première ligne pour décider de la prise en charge : reconnaître la malignité et adresser le plus souvent au spécialiste pour l’exérèse, ou considérer que la lésion est bénigne et proposer une surveillance clinique. La faible densité médicale en région Centre Val de Loire rend l’accès au MG et au dermatologue difficile. Notre étude avait pour objectif d’évaluer la pratique des MG du Cher dans le dépistage des cancers cutanés de manière générale, et du mélanome en particulier.

Méthodes

Nous avons adressé en novembre 2015 un questionnaire à tous les MG du département du Cher (soit 204 questionnaires) afin de connaître leur pratique du dépistage des cancers cutanés. Le questionnaire était divisé en deux parties : une première composée de 23 items avec une majorité de questions fermées sur le mélanome, une deuxième comportant une série de 10 cas cliniques (4 mélanomes, 1 basocellulaire tatoué, 4 nævus, 1 kératose séborrhéique). Les MG devaient répondre à 3 questions identiques pour chaque cas : diagnostic, degré de certitude (de 0 à 10), attitude pratique (exérèse, surveillance, recours au dermatologue ou au chirurgien). Leurs réponses étaient anonymes. Le critère de jugement principal était de savoir si les MG avaient une conduite adaptée devant une tumeur cutanée.

Résultats

Nous avons reçu 72 réponses (taux de réponse de 35 %). Trente-huit médecins (53 %) avaient une attitude adaptée face aux 5 lésions malignes, et 18 médecins (25 %) une attitude adaptée dans 4 cas sur 5. La méthode ABCDE était connue de 58 % des répondeurs, le vilain petit canard de 19 %. Les MG ne se sentaient pas très à l’aise pour dépister un mélanome : sur une échelle croissante (de 0=pas à l’aise du tout à 10=très à l’aise) la moyenne était de 4,2 avec une médiane à 5 (valeurs extrêmes 0–10). Ils exprimaient un fort besoin de formation sur ce thème : sur une échelle croissante de 0 à 10, la moyenne était à 7,9 pour une médiane à 8 (extrêmes 3–10). L’âge, le mode d’exercice (seul ou en groupe), le nombre de consultations quotidiennes, le niveau de connaissance des facteurs de risque de développer un mélanome et le degré d’aisance ressentie pour le diagnostic du mélanome n’étaient pas associés significativement à une attitude plus ou moins adaptée. Les principales difficultés étaient le manque de temps et la difficulté croissante d’accès au dermatologue. La mise en place d’un accès facilité par télé-dermatologie était sollicitée par 89 % des répondeurs.

Conclusion

Les MG ont une conduite pratique souvent adaptée dans la prise en charge initiale des tumeurs cutanées. Les principales difficultés identifiées étaient le manque de temps et la difficulté croissante d’accès au dermatologue. La mise en place d’un accès facilité par télé-dermatologie pourrait faciliter la prise en charge plus rapide du mélanome.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Summary

Introduction

Cutaneous cancers are very common, easily visible on skin. The general practitioner (GP) is in the front line to manage the lesions. He has to recognize malignancy and refer most often to the specialist for excision, or consider that the lesion is benign and in ambiguous cases, offer clinical monitoring. The current low medical density in the Centre Val de Loire area makes access to general practitioners (GP) and dermatologists harder. The aim of this study was to evaluate GPs’ everyday practice in cutaneous cancers screening in general, and particularly in melanoma screening, in a rural region of France.

Methods

We sent a questionnaire on November 24th 2015 to all GPs of the Cher department (204 questionnaires), to assess their knowledge and practice of melanoma. The questionnaire comprised 2 parts: the first part was composed of 23 items with a majority of questions focused on melanoma and the second part consisted of clinical cases including 5 benign cutaneous tumors, 4 melanomas and 1 pigmented basal cell carcinoma. GP's were asked to answer in each case: diagnosis, degree of certainty (from 0 to 10), practical attitude (excision, referral to dermatologist or surgeon or surveillance). Their answers were anonymous. The primary endpoint was whether medical decision regarding each case was appropriate, i.e. removal of malignant lesion or referral for removal, and reassurance or surveillance in benign lesions.

Results

The response rate was 35% (72 responses). Thirty-eight GPs (53%) had an appropriate management facing the 5 malignant lesions, 18 GP (25%) had an appropriate management in 4 out of 5 cases. The ABCDE rule was known by 58% of responders, the ugly duckling sign of 19%. GPs did not feel comfortable with melanoma: on a growing scale (from 0=not comfortable at all to 10=very comfortable) the average was 4.2 with a median at 5 (range 0–10). They expressed a strong need for training on this topic: on a scale increasing from 0 to 10, the average was 7.9 for a median to 8 (range 3–10). Knowledge about melanoma risk factors, and the level of ease dealing with screening of melanoma was not significantly associated with a better management. The main difficulties were lack of time and the increasing difficulty of access to dermatologist. Fast and easy access by teledermatology was solicited by 89% of GPs.

Conclusion

GPs had often appropriate management of skin cancer. The major obstacles to skin's cancer screening were the lack of time and difficult access to dermatologists. The setting-up of an easier access with teledermatology was requested by 89% of responders, and should improve early detection of melanoma.

Ce qui était connu

Le mélanome est un cancer visible, que l’on peut suspecter lors d’un examen clinique réalisé par le médecin généraliste. Les mélanomes fins (<1mm d’épaisseur) sont de très bon pronostic, contrairement aux mélanomes épais (>4mm).
Le dépistage précoce du mélanome par un examen annuel des sujets à risque est recommandé par la haute autorité de santé.
Les départements ruraux manquent de médecins généralistes et spécialistes.

Ce qu’apporte l’article

Cette enquête par auto-questionnaire dans un département rural, à très faible densité médicale, a montré que les médecins déclaraient avoir des difficultés dans la mise en œuvre du dépistage : manque de temps, de compétence, difficultés d’accès au spécialiste.
Ils étaient demandeurs de formation, et d’un accès facilité au spécialiste, incluant l’envoi d’images.
Face à des cas cliniques iconographiques comportant 5 tumeurs cutanées malignes et 5 tumeurs cutanées bénignes, leur proposition de prise en charge était le plus souvent adaptée (envoi du patient au spécialiste face à une suspicion de tumeur maligne)

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

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