Mesure de la masse musculaire pour l’évaluation des différents stades de la cachexie cancéreuse : une étude observationnelle chez 531 patients suivis pour un cancer du poumon non à petites cellules - 22/05/18
, S. Antoun b, D. Debieuvre c, H. Morel d, P.-J. Souquet e, D. Planchard f, V. Surmont g, F. Bonnetain h, 1, I. Krakowski i, H. Gaudin j, F. Bazin aRésumé |
Objectifs |
En 2011, un consensus international (Fearon) a classé la cachexie cancéreuse (CAX) en différents stades de sévérité croissante : pré-CAX (P-CAX), CAX et CAX réfractaire (CAX-R). Si la CAX repose sur des critères précis (perte de poids, diminution de la masse musculaire [sarcopénie] et anorexie), la P-CAX et la CAX-R sont moins bien définies. L’objectif de l’étude était de déterminer la fréquence de CAX et mieux identifier les stades de P-CAX et CAX-R.
Méthode |
Cette étude transversale, prospective, multicentrique a inclus des patients avec un cancer du poumon non à petites cellules, quels que soient le stade et la ligne de traitement. La masse musculaire a été évaluée par l’analyse des coupes en L3 du scanner. Les patients ont complété des auto-questionnaires EORTC QLQ-C30 (qualité de vie) et IPAQ (activité physique). La P-CAX était définie par la présence d‘une anorexie identifiée par le QLQ-C30 ou par une sarcopénie sans perte de poids supérieure à 2 %. La CAX-R était définie par le score PS ECOG et la perte de poids, en utilisant les valeurs seuils associées à une mortalité élevé (<4,3 mois) définis par Martin et Baracos. La présence de CAX selon l’évaluation du clinicien a été recueillie. Le critère principal était la fréquence de CAX selon Fearon.
Résultats |
En 2016, 531 patients ont été inclus en trois mois par 52 centres français et 4 belges. La masse musculaire a été mesurée pour 312 patients. La population comportait 66,5 % d’hommes, avec un âge médian de 66 ans, 79,9 % de PS ECOG<2 et 87,3 % de stades IIIB-IV. Un IMC≥25kg/m2 était présent chez 194/531 (36,5 %) patients. Sur les 447 patients évalués, 151 (33,8 %) étaient en P-CAX, 173 (38,7 %) en CAX et 4 (0,9 %) en CAX-R. Cette distribution était associée au nombre de sites métastatiques (p=0,03), à l’évolutivité du cancer (p<0,0001) et à la présence d’anomalies moléculaires (p=0,003). Une diminution de la santé globale et de la qualité de vie perçues par les patients ainsi que de l’activité physique étaient observées avec l’avancement des stades de CAX (p<0,0001). La sarcopénie, qui concernait au total 167/312 (53,5 %) patients, était présente chez 74/111 (66,7 %) patients CAX (la sarcopénie étant l’unique critère identifiant la CAX pour 14 d’entre eux) et chez 63/92 (68,5 %) patients en P-CAX. Parmi les 151 patients pré-CAX, 39 (25,8 %) présentaient une sarcopénie avec une perte de poids limitée (≤2 %) et une absence d’anorexie. Seuls 34/165 (20,6 %) des patients CAX selon Fearon étaient considérés comme CAX par les cliniciens.
Conclusion |
Il s’agit de la première étude qui, en incluant la mesure de la masse musculaire, a évalué les différents stades de CAX dans le cancer du poumon non à petites cellules et a montré leur association avec la présence d’anomalies moléculaires, la santé globale/qualité de vie et l’activité physique. La mesure de la masse musculaire a surtout un intérêt dans l’identification des perturbations métaboliques précoces (P-CAX). L’évaluation de la fréquence de la CAX selon Fearon ne concorde pas avec celle des cliniciens.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Cancer du poumon non à petites cellules, Cachexie, Sarcopénie
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Vol 66 - N° S4
P. S207 - juin 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
