L’augmentation de la concentration urinaire en oxalate (hyperoxalurie) favorise l’apparition et la croissance de cristaux urinaires d’oxalate de calcium. L’hyperoxalurie primaire, maladie génétique autosomique récessive, et l’intoxication à l’éthylène glycol sont deux contextes cliniques où l’hyperoxalurie induit une insuffisance rénale et une morbi-mortalité élevée. Le stiripentol est un antiépileptique utilisé dans le syndrome de Dravet qui diminue l’activité de l’enzyme lactate deshydrogenase-5 (LDH-5) dans les neurones, limitant la production de lactate. Cette enzyme est également exprimée dans le foie où elle permet la transformation du glyoxylate en oxalate. Nous avons émis l’hypothèse que le Stiripentol pourrait diminuer la production hépatique d’oxalate donc l’oxalurie.

In vivo, l’oxalurie a été dosée avant et après administration de 200mg/kg de stiripentol durant 3jours à des rats. Un modèle aigu d’intoxication à l’éthylène-glycol et un modèle chronique de précipitation rénale d’oxalate de calcium par régime riche en hydroxyproline ont été réalisés chez des rats traités ou non par Stiripentol per os. La fonction rénale, l’oxalurie, la cristallurie et les lésions rénales ont été évaluées dans ces deux modèles. In vitro, des cultures cellulaires d’hépatocytes HepG2 ont été réalisées et les cellules ont été traitées par des doses variable de stiripentol. La production d’oxalate a été mesurée dans le milieu de culture.

In vivo, le stiripentol diminue l’oxalurie de façon significative dans tous les modèles. Le traitement diminue la formation de cristaux d’oxalate de calcium dans l’urine (diminution significative du volume cristallin global), diminue leur précipitation intra-rénale (analyses morphométriques) et protège significativement la fonction rénale dans le modèle d’intoxication à l’éthylène glycol comme dans le modèle de néphropathie oxalocalcique. In vitro, le stiripentol diminue la production d’oxalate par les hépatocytes à des concentrations comparables à celles mesurées dans le sang des patients traités pour syndrome de Dravet.

Le stiripentol, traitement oral bien toléré, diminue l’oxalurie et protège contre la néphropathie oxalocalcique et l’intoxication à l’éthylène glycol, à des concentrations sériques comparables à celles utilisées chez les enfants atteints de syndrome de Dravet.

Ce traitement pourrait protéger contre les lésions rénales induites par l’hyperoxalurie primaire et l’intoxication à l’éthylène glycol.