L’aspect moteur des troubles du spectre autistique (TSA) ne fait pas partie des critères de diagnostic (DSM-5), mais mériterait pourtant plus d’intérêt suite aux nombreuses études démontrant des perturbations de la marche, de la coordination et de la dextérité chez des enfants atteints de cette pathologie développementale. Ces désordres moteurs qui apparaîtraient avant les symptômes cognitifs, pourraient permettre une prise en charge précoce, plus quantitative et plus reproductible qu’actuellement.

Nous avons utilisé deux modèles animaux des TSA, associés à l’exposition prénatale à un tératogène (acide valproïque : VPA) ou un agent mimant une infection virale (poly I:C). Du fait du ratio de 5 garçons atteints pour une fille, nous avons distingué les mâles des femelles afin de mieux déterminer l’effet de genre dans cette pathologie. Nous avons recherché une éventuelle perte cellulaire dans les régions du cerveau impliquées dans le contrôle moteur : cervelet, cortex moteur, substance noire et striatum.

Nos analyses histologiques par stéréologie démontrent :

– une perte des cellules de Purkinje restreinte à certains sous-lobules du cervelet, en fonction du traitement et du sexe, et plus importante chez les mâles que chez les femelles ;

– une diminution du nombre de neurones du cortex moteur uniquement chez les mâles ;

– une conservation du nombre de neurones dopaminergiques dans l’axe nigro-strié.

Des analyses corrélatives indiquent de fortes relations, chez les mâles VPA, entre :

– la perte neuronale et les tests comportementaux : retard développemental, faible sociabilité et troubles moteurs ;

– les déficits de sociabilité et les troubles de la motricité.

Nos résultats suggèrent que les troubles moteurs pourraient alors être un marqueur pertinent de sévérité des TSA. Ils démontrent que la perte neuronale pourrait servir de cible pour des stratégies thérapeutiques.