Le principe d’une transfusion sanguine réalisée à domicile, le plus souvent en acte médical délégué, est ancien. Dans les années 1980, la mise en pratique de la transfusion à domicile soulevaient déjà de nombreuses questions similaires à celles qui se posent actuellement. Le vieillissement de la population, les réelles difficultés (médicales ou matérielles) de transport de certains patients, l’attention portée à la qualité de vie du patient, constituent des arguments en faveur de la pratique transfusionnelle à domicile. Si les points positifs sont nombreux, des interrogations ont persisté néanmoins sur la réalisation des transfusions dans un tel contexte. Assurer la sécurité du receveur pendant et après la fin d’un acte transfusionnel représente un élément majeur qui suscite aujourd’hui encore des inquiétudes chez les différents acteurs. La mise à disposition de recommandations professionnelles, jusque-là inexistantes dans le domaine de la transfusion à domicile, devraient permettre de définir un cadre adapté à cette activité, apporter des bases sur lesquelles peuvent s’appuyer les intervenants dans leur pratique quotidienne et mettre à disposition des moyens efficaces en vue de prendre en charge d’une manière optimale les différentes situations auxquelles peuvent être confrontés les personnels impliqués.

Le groupe de travail « Recherche et démarche qualité » (GT RDQ) de la Société française de transfusion sanguine (SFTS) a mené dès 2008 une réflexion sur les besoins, les exigences réglementaires et sécuritaires, et les freins au développement de cette activité thérapeutique. Les résultats des travaux du GT RDQ et l’enquête nationale menée en 2012 par la Conférence nationale des coordonnateurs régionaux d’hémovigilance (CNCRH) ont conduit la SFTS à organiser une session consacrée à cette activité transfusionnelle extrahospitalière au cours de la journée scientifique de printemps du 12 avril 2016. Dans la continuité et suite à une sollicitation de la présidente de la Fédération nationale des établissements d’hospitalisation à domicile (FNEHAD), la SFTS en collaboration avec la Société française de vigilance et thérapeutique transfusionnelle (SFVTT) et la CNRH a créé un groupe de travail spécifique « HAD et Transfusion » dont l’objectif a été d’élaborer un guide de recommandations professionnelles (18) encadrant le recours à la transfusion sanguine à domicile, dans des situations cliniques définies, et d’apporter aux acteurs du secteur des éléments permettant d’assurer une prise en charge adaptée du patient tout en garantissant les exigences de sécurité et de qualité des soins attendues. Ces recommandations doivent permettre de promouvoir le recours à la transfusion à domicile. Elles sont à disposition des professionnels concernés sur les sites internet des partenaires impliqués^{1https://www.sfts.asso.fr/Media/association/20180430_document_had_transfusion.pdf} . À chaque recommandation, des procédures dites incontournables, doivent être associées. Au-delà de ces recommandations, les établissements d’HAD pourront compter sur la mobilisation des médecins correspondants régionaux d’hémovigilance (CRH) au sein des ARS pour initier ou relancer la transfusion de patients à leur domicile, en lien avec l’ensemble des partenaires de la filière transfusionnelle en région. Une évaluation à un an de ces recommandations et de leur appropriation par les acteurs est prévue. À noter qu’une revalorisation des tarifs de la transfusion à domicile est effective depuis le 1^er mars 2018 et cette mesure doit contribuer à lever un autre frein connu au développement de cette activité.