La maladie cœliaque (MC) est une entéropathie chronique, inflammatoire auto-immune provoquée par un antigène alimentaire : la gliadine. Des complications peuvent survenir au cours de l’évolution de la maladie. Parmi ces complications figurent les affections cardiovasculaires. De rares cas de myocardite ont été rapportés au cours de la MC, nous en rapportons un nouveau cas.

Un patient âgé de 41 ans avait présenté en 2015 des douleurs thoraciques avec des troponines positives et un réseau sain à la coronarographie. L’échographie cardiaque (ETT+ETO) ainsi que l’IRM cardiaque étaient en faveur d’une myocardite associée à une communication interventriculaire médioseptale. Le bilan biologique était sans anomalie particulière hormis une anémie ferriprive à 10,5 g/dL. L’enquête étiologique était négative et la myocardite a été étiquetée virale. Un an après, le patient a présenté un AVC ischémique cérébelleux et des AIT à répétition. Il n’avait pas de cardiopathie emboligène, ni de dissection artérielle. Le bilan infectieux ainsi que le bilan de thrombophilie étaient sans anomalies. Le diagnostic de MC a été retenu devant la positivité de la sérologie de la maladie cœliaque (anticorps anti-transglutaminase à 1/100 et anticorps anti-endomysium fortement positifs) avec une atrophie villositaire totale grade IV–V de Marsh à la biopsie duodénale. Le diagnostic de MC compliquée de myocardite et d’AVC ischémique était alors retenu. Le patient a été mis sous régime sans gluten. Une évolution favorable a été notée avec absence de récidive de la myocardite et des AIT.

L’association MC et myocardite ne semble pas fortuite. Une des hypothèses avancées est que le tissu cardiaque est une cible possible des anticorps anti-transglutaminase. L’intérêt d’établir un tel lien est important dans la mesure où le régime sans gluten permet d’améliorer aussi bien les manifestations digestives que les manifestations cardiaques. De ce fait la MC devrait faire partie du bilan étiologique d’un myocardite inexpliquée en particulier en présence de signes d’appel comme cela était le cas chez notre patient qui avait une anémie ferriprive.