Les paramètres de composition corporelle (CC) sont-ils associés au devenir clinique de patients atteints d’un cancer du pancréas avancé traités par chimiothérapie à base de fluoropyrimidine ? - 16/03/19
Résumé |
Discipline |
Clinique.
Introduction et but de l’étude |
Le cancer du pancréas (CP) est l’un des cancers les plus agressifs avec près de 80 % des patients présentant une maladie métastatique au diagnostic. La chimiothérapie à base de fluoropyrimidine (Folfirinox) est l’un des traitements standards de première ligne métastatique. Ce protocole est le plus efficace mais également le plus toxique. L’impact de la CC du patient, incluant la sarcopénie, spécifiquement dans le CP avancé reste débattu. L’objectif de notre étude était donc d’évaluer l’impact de différents paramètres de CC sur le pronostic du CP et la toxicité du Folfirinox (FOX).
Matériel et méthodes |
Tous les patients traités par FOX en première ligne d’un CP avancé entre 2007 et 2015 dans notre centre de lutte contre le cancer ont été rétrospectivement analysés. La CC a été évaluée par coupe scanner au niveau de la troisième vertèbre lombaire. Les images ont été analysées avec le logiciel ImageJ (NIH, USA). La sarcopénie était définie par l’index musculaire squelettique (IMS) (<52,4cm2/m2 pour les hommes et 38,5cm2/m2 pour les femmes). Les index du muscle psoas (IMP), du tissu adipeux viscéral (IAV), sous-cutané (IASC) et intramusculaire étaient évalués. Satistiques : Kaplan–Meier et Cox pour comparer les effets des paramètres de CC sur les survies globale et sans progression. Tests du Chi2 et Fisher Exact pour la toxicité de la chimiothérapie.
Résultats et analyse statistique |
Les données de 137 patients ont été extraites : 91 avaient un scanner abdominal disponible et ont été inclus. L’âge moyen (±SD) était de 60,7 (±9,2) ans. La maladie était localisée dans 42 % des cas et métastatique dans 58 %. IMS moyen : H, 48,63 (±7,03) cm2/m2, F, 36,92 (±6,00) cm2/m2. La prévalence de la sarcopénie était de 64 % (n=58). En analyse multivariée, ni la sarcopénie ni les autres paramètres de CC (hormis l’index de tissu adipeux intrapsoas) n’étaient significativement associés à la survie globale ou à la survie sans progression. En revanche, le performans status (HR=0,42 [0,20 ;0,85], p=0,015), la chirurgie du primitif (HR=0,55 [0,32 ;0,93], p=0,03), la présence de métastases hépatiques (HR=2,62 [1,59 ;4,32], p<0,001) ainsi que l’index de tissu adipeux intrapsoas (HR=0,52 [0,29 ;0,95], p=0,03) étaient des facteurs indépendants prédictifs de la mortalité. Les patients ayant un IMS faible (<37,3cm2/m2, n=22) avaient plus de vomissement que ceux ayant un IMS haut (54 % vs 24 %, p=0,016). Les patients avec un IASC et IAV élevé (>24,6cm2/m2 n=63,>21,8cm2/m2 n=62, respectivement) avaient significativement plus de toxicité hématologique≥grade 3 (35 % vs 5 %, p=0,009 ; 34 % vs 9 %, p=0,028, respectivement).
Conclusion |
Cette étude ne met pas en évidence de lien entre les paramètres de CC et la survie chez les patients avec CP localement avancé ou métastatique. En revanche, un IMS bas, un IASC ou IAV haut est associé à une toxicité de la chimiothérapie plus sévère. Cela mérite des études complémentaires, notamment pour savoir si une intervention nutritionnelle ciblée pourrait améliorer la tolérance de la chimiothérapie de ces patients.
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Vol 33 - N° 1
P. 76 - mars 2019 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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