Les patients immunodéprimés (ID) font l’objet de recommandations vaccinales particulières. La couverture vaccinale (CV) de ces patients reste insuffisante. Notre objectif était de mesurer la CV pour le DTP, la grippe saisonnière et le pneumocoque chez les patients ID suivis en Rhumatologie (RU), Gastro-Entérologie (GE), Néphrologie (NE), et Infectiologie (MI) dans notre CHU.

Les données de CV ont été recueillies lors d’une consultation de suivi à partir des certificats de vaccination et dossiers médicaux des patients ID, entre janvier 2015 et janvier 2017. Les patients ID inclus étaient infectés par le VIH, transplantés de rein, sous traitement immunosuppresseur pour une pathologie inflammatoire. Ont été considérés à jour les patients ayant eu un rappel datant de moins de 10 ans pour le dTP, ceux ayant été vaccinés contre la grippe saisonnière lors de la saison en cours ou précédente selon la période de recueil, ceux ayant reçu une injection de vaccin anti-pneumococcique conjugué suivie d’une injection du vaccin polysaccharidique au moins 2 mois après.

Un total de 858 patients a été inclus, 57 en RU, 103 en GE, 137 en NE, 561 en MI. L’âge moyen des participants était de 49,6 ans (±13,3), 49 (±15) en RU, 39,6 (±14) en GE, 59 (±12) en NE et 49 (±11) en MI. Une comorbidité additionnelle justifiant de la vaccination contre la grippe saisonnière était présente chez 132 patients (15,4 %). Les CV DTP, grippe et pneumocoque pour l’ensemble des patients étaient respectivement de 53,4 %, 39,7 %, 6,8 %. Pour le DTP, la CV étaient de 93 % en RU, 85,4 % en GE, 46 % en MI, contre 43,1 % en NE (p<0,005). Pour la grippe, la CV était 56,1 % en RU, de 43,1 % en NE, de 46 % en MI et de seulement 19,4 % en GE (p<0,005). Pour le Pneumocoque, la CV était de 33,3 % en RU, 6,2 % en MI, 1,9 % en GE et 1,5 % en NE (p<0,005). Pour les 3 vaccins évalués, la CV était systématiquement meilleurs en RU. Avoir une comorbidité additionnelle était associé à une meilleure CV contre la grippe (35,8 % vs 50 %), pas contre pneumocoque.

Dans cette population de patients ID, la CV est très insuffisante. Le type d’ID est cependant très variable avec des risques infectieux différents. Les patients suivis en RU semblent mieux vaccinés, même si l’échantillon est faible. Cela peut être associé à la position forte de la société savante de RU quant à la vaccination des patients ID suivis en RU. Cette étude pilote a permis de faire un point sur le CHU, de sensibiliser tous les spécialistes à la vaccination de leurs patients et a conduit à la création d’une consultation dédiée à la vaccination des ID qui devrait contribuer à améliorer CV de ces patients.