Epidémie à Stenotrophomonas maltophilia dans un service de réanimation : les risques de l’eau du réseau - 09/05/19
Résumé |
Introduction |
Une épidémie à Stenotrophomonas maltophilia, bacille Gram-négatif non fermentant responsable d’infections opportunistes sévères, est survenue entre septembre 2016 et janvier 2017 dans le service de réanimation d’un hôpital. Une équipe de lutte contre l’épidémie a été montée pour mener l’enquête épidémiologique, appliquer des mesures correctives et les évaluer.
Matériels et méthodes |
L’épidémie a été étudiée en associant aux prélèvements cliniques des prélèvements environnementaux et une étude microbiologique génotypique par électrophorèse sur gel à champ pulsé. Tous les patients contaminés par le S. maltophilia sur cette période ont été inclus (n=16).
Résultats |
Sept patients présentaient des infections : 6 pneumopathies acquises sous ventilation mécanique, 1 bactériémie. Neuf étaient colonisés : 7 contaminations pulmonaires, 1 digestive et 1 plaie cutanée. Deux patients sont décédés d’infections. Le délai médian de contamination après l’admission était de 19,5jours (interquartile 25–75 : 12–30). Treize patients étaient intubés, pour une durée médiane de 30jours (interquartile : 25–75 : 16–64). Tous les patients avaient reçu des antibiotiques à large spectre avant la contamination. Le dépistage systématique des patients à l’entrée en réanimation a montré que le Stenotrophomonas était acquis en réanimation. L’enquête environnementale a révélé la contamination par S. maltophilia de 24/28 lavabos de la réanimation (85,7 %) dont 15 parmi les 16 chambres du service. Le génotypage des souches cliniques a retrouvé le même génotype chez seulement 3 patients, suggérant que l’épidémie n’était pas liée à une souche unique mais à une colonisation polyclonale du réseau d’eau. Les mesures de contrôle de l’épidémie incluant l’éviction de l’eau du robinet pour les patients, un renforcement des protocoles d’hygiène ainsi que de nouvelles procédures de prévention ont été suivies d’un contrôle de l’épidémie fin janvier 2017. Mais dès mars 2017, des contaminations des lavabos ont été retrouvées et d’autres colonisations et infections détectées, cependant avec une fréquence plus faible.
Conclusion |
Cette étude d’épidémie à S. maltophilia souligne les risques liés à la contamination d’un réseau d’eau hospitalier à une bactérie Gram négatif multirésistante. La persistance très probable de S. maltophilia sous forme de biofilms dans les canalisations du réseau d’eau de l’hôpital concerné rend actuellement impossible une éviction complète de ce pathogène de l’environnement. Des méthodes innovantes doivent être recherchées et évaluées pour faire face à ce problème majeur de santé publique.
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Vol 49 - N° 4S
P. S31 - juin 2019 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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