Patients traités pour une hépatite C dans un bassin de population défavorisé : quelles particularités ? - 09/05/19
Résumé |
Introduction |
La réglementation spécifique mise en place lors de la commercialisation des antiviraux d’action directe (AAD) pour la prise en charge des patients atteints d’hépatite C imposait une décision collégiale en réunion de concertation pluridisciplinaire, et leur remboursement par l’assurance maladie était restreint par rapport aux indications de l’AMM. Les hôpitaux ont intégré ces contraintes pour permettre l’accès à ces médicaments particulièrement onéreux qui permettent une réponse virologique soutenue (RVS) de plus de 90 %. La réponse aux AAD a été évaluée dans notre établissement situé dans un bassin de population défavorisé.
Matériels et méthodes |
Tous les patients ayant reçu un AAD par notre pharmacie à usage intérieur (PUI) entre novembre 2014 et décembre 2017 ont été inclus. La RVS a été définie par une charge virale (CV) indétectable au moins 12 semaines après l’arrêt du traitement.
Résultats |
Deux cent soixante et un patients (175 hommes et 86 femmes, âge moyen 53±12 ans), nés majoritairement hors de France (18 % Afrique sub-saharienne, 16 % Afrique du Nord, 12 % Proche et Moyen Orient, 4 % Europe Centrale et de l’Est, 3 % Asie, 5 % autres), ont été inclus. La CV VHC moyenne était de 5,9±0,8 log UI/mL (G1 50,6 %, dont G1a 28,7 % et G1b 19,2 %, G2 5,4 %, G3 23,4 %, G4 20,3 %, G5 0,4 %, soit 18 sous-types VHC différents). Cinquante-cinq patients (21,7 %) étaient séropositifs pour le VIH. Le score de fibrose hépatique était renseigné pour 80 % des patients (48 % F0–F2, 32 % F3–F4). Les patients étaient suivis majoritairement en hépato-gastroentérologie (62 %), en infectiologie (20 %) et en Médecine Interne (16 %), et 41 (15,7 %) étaient suivis par le service social de l’établissement. Ils ont reçu 20 stratégies thérapeutiques différentes (d’après l’actualisation des recommandations), pour une durée de 8 (13 %), 12 (80 %) ou 16–24 semaines (7 %), associées à la ribavirine dans 55 cas (21 %). Pour 20 patients (7,7 %), la totalité du traitement n’a pas été dispensée par la PUI, dont 6 patients n’ayant reçu qu’1 mois de traitement. Deux cent dix-huit RVS (83,5 %), 11 échecs (4,2 %) et 32 réponses inconnues (12,3 %) ont été observés. En analyse statistique univariée, les facteurs associés à un échec au traitement étaient l’âge (60,2 vs 52,7 ans dans les échecs et les RVS respectivement, p<0,05), la fibrose sévère (9,5 % d’échecs si F3–F4 vs 1,6 % si F0–F2, p<0,01), et le lieu de naissance (12,8 % d’échecs chez les patients nés en Afrique sub-saharienne, p<0,003).
Conclusion |
Cette étude en vie réelle a analysé une cohorte de patients, en majorité nés hors de France, avec 21 % de séropositivité VIH, 50 % de génotypes VHC non-1 et une grande diversité génétique. Nous avons noté seulement 4,2 % d’échecs prouvés et une moins bonne réponse chez les patients plus âgés, présentant une fibrose sévère et ceux nés en Afrique sub-saharienne. Ce dernier résultat pourrait être expliqué par leur grande précarité et leur âge plus élevé.
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Vol 49 - N° 4S
P. S35 - juin 2019 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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