Infections à vibrions non cholériques, 22 ans de surveillance nationale (1995–2017) - 09/05/19
Résumé |
Introduction |
Les vibrions non cholériques (VNC) sont des hôtes naturels du milieu marin responsables d’infections intestinales et extra-intestinales graves. Le nombre d’infections à VNC a récemment augmenté dans plusieurs pays européens en lien avec le changement climatique. Cette étude des données de surveillance du centre de référence a pour objectifs de faire un état des lieux des données épidémiologiques et microbiologiques des cas d’infections à VNC et des sites favorables à leur transmission en France métropolitaine.
Matériels et méthodes |
Les données microbiologiques, cliniques et épidémiologiques ont été collectées pour les souches de VNC adressées de 1995 à 2017 par les laboratoires de biologie médicale métropolitains au centre de référence. À partir des séries chronologiques du réseau national de surveillance des paramètres marins, les données de température et de salinité de la surface de la mer ont été cartographiées en regard du lieu de diagnostic des cas d’infections de VNC acquis en France métropolitaine.
Résultats |
Au total, 236 cas d’infections à VNC ont été recensés de 1995 à 2017. Les espèces les plus fréquemment identifiées étaient V. cholerae non-O1/non-O139 (VC) (n=124, 53 %), V. parahaemolyticus (VP) (n=47, 20 %), V. alginolyticus (VA) (n=33, 14 %) et V. vulnificus (VV) (n=21, 9 %). 46 % des patients présentaient un tableau de gastro-entérite aiguë, 19 % une infection des plaies et 16 % un sepsis sévère. L’âge moyen était de 60,5 ans (intervalle interquartile, 38–73). Un total de 69 % des patients ont été hospitalisés (n=159/231), 41 % présentaient une forme septique (n=94/232) et la mortalité globale était de 7 % (n=16/235). Les infections à VC présentaient la plus grande diversité clinique. VV était associé aux infections cutanées les plus sévères avec un taux de létalité de 25 % (n=5/20) chez des patients présentant un terrain prédisposant (74 %, n=14/19) (p<0,001). Parmi les 124 VC, 120 étaient des souches non-O1/non-O139 (dont 4 possédaient les gènes des sous-unités A et B de la toxine cholérique) et 4 souches non toxigéniques appartenaient au sérogroupe O1. 87 % des cas de VP (n=34/39) et 54 % des infections à VC (n=38/70) étaient liés à la consommation de fruits de mer. 87,5 % des cas de VV (n=14/16) et 63 % des cas de VA (n=19/30) étaient liés à un contact récréatif avec de l’eau ou à une manipulation de produits de la mer. La majorité des cas autochtones étaient rapportés par les laboratoires des régions côtières (66 %, n=107/162), en particulier les régions océaniques (82 %, n=88/107), durant les mois les plus chauds de l’année (89 %, n=142/160). Les cas importés étaient principalement associés à VC (75 %, n=53/71).
Conclusion |
Les infections à VNC–bien que rares–restent probablement sous diagnostiquées. Un renforcement de la surveillance, épidémiologique et environnementale, est nécessaire pour mieux comprendre les déterminants associés aux infections à VNC et améliorer leur prévention. Il est crucial de rechercher une infection à VNC en cas d’infections intestinales et de graves infections extra-intestinales dans un contexte d’exposition au milieu marin ou de consommation de produits de la mer.
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Vol 49 - N° 4S
P. S40 - juin 2019 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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