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Fièvre persistante et myélome multiple : à propos de 2 cas - 17/05/19

Doi : 10.1016/j.revmed.2019.03.223 
P. Durand , Y. Imbert, S. Grosleron, P. Rispal, E. Dupont, E.M. Traissac
 Médecine interne 2, C.H. d’Agen, Agen 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

Par la gravité potentielle des infections au cours de l’évolution des myélomes multiples (MM), la survenue d’une fièvre est un problème fréquent qui doit retenir toute l’attention des médecins. Il est par contre inhabituel qu’une fièvre persistante soit rattachée directement à cette hémopathie. Nous rapportons deux nouvelles observations que nous confronterons aux 30 observations rapportées dans la littérature.

Observation

Entre janvier 2010 et décembre 2015, 216 myélomes ont été suivis dans notre service, dont 163 incidents. Une observation s’est présentée avec tous les critères d’une fièvre persistante. Nous rapportons aussi une autre observation similaire plus antérieure. Observation N°1 Patiente de 72 ans, sans antécédents particuliers a présenté une fièvre sur une durée de 9 mois. Le bilan a révélé un pic monoclonal IgA Lambda à 1,4g/L. L’ensemble du bilan infectieux est resté négatif (hémocultures, ECBU, sérologies, TDM TAP, BAT). La biopsie ostéomédullaire (BOM) a évoqué le diagnostic (plasmocytose>10 %). La fièvre s’est amendée après 3 cures de Mephalan, Prednisone et Thalidomide. Elle est décédée après 3 ans d’évolution, sans récidive de fièvre. Observation N°2 Patiente de 73 ans, présentant une fièvre inexpliquée pendant 7 mois malgré les explorations répétées. Découverte d’un pic monoclonal à IgG kappa à 20g/L et plasmocytose à 30 %. La biopsie ostéo-médullaire a permis le diagnostic. Résolution de la fièvre sans récidive après 3 cures de Melphalan-Déxamethasone et bisphosphonates, mais décès à 5 ans du diagnostic. Dans ces deux cas, il n’y avait pas de signes associés : pas d’insuffisance rénale, pas d’hypercalcémie, pas de douleurs osseuses, pas d’anémie. Les patientes n’ont pas reçu de traitement d’épreuve contre une possible maladie inflammatoire ou infectieuse (ni antibiothérapie ni AIS ni AINS).

Discussion

Une revue de la littérature nous a permis de retrouver 30 autres observations semblables. Dans deux cohortes successives sur 25 ans de la Mayo Clinic [1, 2] totalisant 6392 patients, 17 cas de fièvres inexpliquées ont été rapportés dans le suivi de myélome multiple, et le plus souvent au diagnostic. Si l’on totalise ces deux grandes séries avec la nôtre, 18 cas de fièvre isolée sur 6608 ont abouti au diagnostic de MM soit 0,27 %. Six autres observations ont aussi permis d’attribuer la fièvre au myélome [3]. De plus, un cas de récidive d’un myélome multiple a été révélé suite à l’exploration d’une fièvre prolongée, ainsi l’apparition d’une fièvre non liée à une pathologie infectieuse au cours d’un myélome pourrait être marqueur d’évolutivité mais aussi une indication de traitement oncologique lorsqu’elle est isolée.

Conclusion

La fièvre est un mode d’entrée dans le myélome et bien qu’inusuel, l’enjeu du diagnostic précoce du myélome chez ces patients fébriles permettrait d’éviter les complications infectieuses à l’origine d’une mortalité importante et d’alléger les investigations. Le myélome multiple devrait donc être considéré devant une fièvre persistante lorsque la cause n’a pas encore été établie, mais également considérer lorsqu’il est déjà connu.

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Vol 40 - N° S1

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