Amylose AA secondaires aux déficits immunitaires : à propos de 40 cas dont 3 nouveaux cas français - 17/05/19
, L. Galicier 2, E. Oziol 3, D. Boutboul 4, J.J. Boffa 5, A. Cez 6, D. Buob 7, G. Grateau 1, S. Georgin-Lavialle 8Résumé |
Introduction |
Les déficits immunitaires primitifs (DIP) sont un groupe hétérogène de pathologies définis par une défaillance du système immunitaire non liée à une étiologie infectieuse, néoplasique ou iatrogène devant être évoqué devant des infections récurrentes [1]. L’amylose AA (AAA) est une maladie multisystémique liée au dépôt de la protéine sérique de l’amyloïde A (SAA) à la suite d’une inflammation chronique dont les étiologies sont multiples : les plus fréquentes étant les maladies inflammatoires rhumatismales et digestives chroniques, les maladies auto-inflammatoires, les infections chroniques comme la tuberculose mais elle est aussi une complication rare des déficits immunitaires [2].
L’objectif était de décrire les caractéristiques des DIP se compliquant d’une AAA ainsi que les facteurs favorisant son apparition au travers d’une revue de la littérature et de 3 nouveaux cas français.
Patients et méthodes |
Une revue systématique de la littérature des cas publiés de 1946 à 2018 était réalisée sur MEDLINE. Les nouveaux cas français rapportés étaient issus du centre national de référence des maladies auto-inflammatoires et des amyloses inflammatoires (CEREMAIA) et d’appel de cas auprès des centres de références adultes des déficits immunitaires. Les caractéristiques étaient recueillies après relecture des dossiers médicaux.
Résultats |
Quarante patients ont été identifiés dont 3 nouveaux cas français. Diverses variétés de déficits immunitaires et mécanismes de DIP étaient représentés, les déficits en immunoglobuline étaient les plus fréquents (n=31), suivis des granulomatoses chroniques (n=3), des syndromes Hyper IgM (n=3), du déficit héréditaire complet en C4 (n=1), du déficit en adhérence des leucocytes de type 1 (n=1) et du syndrome de Chediak-Higashi (n=1). Le sexe ratio était de 1,9. L’âge moyen au diagnostic de DIP était de 22,20±16,02 ans. L’auto-immunité n’était constatée que chez deux patients. La localisation et le type d’infection étaient extrêmement variés en fonction du mécanisme du DIP, principalement bactérienne et pulmonaire. Huit patients présentaient une tuberculose au cours de leur évolution et 22 des bronchiectasies. Les traitements reçus étaient des immunoglobulines polyvalentes (n=26), une antibiothérapie prophylactique (n=5), une supplémentation en leucocytes (n=1), de l’interféron-γ (n=1) et de l’abatacept (n=1). Trois cas de mauvaise compliance étaient signalés. Le délai moyen entre les premiers symptômes de DIP et le diagnostic d’AAA était de 16,18±7,08 ans. Un diagnostic concomitant de DIP et d’AAA était posé dans 12 cas. L’atteinte rénale d’AAA était la plus fréquente en particulier le syndrome néphrotique (n=21). Après le diagnostic d’AAA les patients recevaient de la colchicine (n=7), des corticoïdes (n=1), du tocilizumab (n=1), de l’infliximab (n=1), un immunosuppresseur (n=1) et de l’abatacept (n=1). Deux patients étaient hémodialysés et aucun transplanté. Dix-neuf décès étaient rapportés et survenaient à un âge moyen de 34,53±19,54 ans.
Conclusion |
L’AAA est une complication rare à long-terme des DIP. Son apparition est un facteur de mauvais pronostic au cours de leur évolution. Elle est favorisée par de longs délais diagnostic et de prise en charge thérapeutique. L’existence de bronchiectasies est un des signaux d’alarme d’une d’inflammation chronique et du risque AAA. Malgré une meilleure connaissance des DIP, ils sont encore grevés d’une certaine mortalité de nos jours soulignant l’importance d’un diagnostic précoce par les médecins généralistes, les pédiatres et autres spécialistes qui permettrait de prévenir une telle complication. Devant une AAA de cause inconnue, un DIP doit être recherché.
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Vol 40 - N° S1
P. A62-A63 - juin 2019 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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