Recrudescence de prurigo strophulus en Martinique liée aux piqûres de culicoïdes - 20/11/19
Résumé |
Introduction |
Le prurigo strophulus est une dermatose inflammatoire liée à une réaction d’hypersensibilité retardée aux piqûres d’arthropodes, survenant essentiellement chez l’enfant. Nous rapportons plusieurs cas de prurigos strophulus de l’enfant et de l’adulte, illustrant la recrudescence récente en Martinique d’un arthropode peu connu : le culicoïde.
Observation |
Entre janvier 2019 et avril 2019, 27 patients consultaient au centre hospitalo-universitaire de la Martinique pour un prurigo et déclaraient s’être fait piquer par de « petits insectes noirs » responsables d’une piqûre vive. Les patients concernés n’avaient jamais eu de prurigo dus aux piqûres d’insectes malgré la notion antérieure de piqûre de moustiques. Les lésions étaient typiques de prurigo, avec des papules hyperpigmentées souvent centrées par une petite vésicule, une hypopigmentation ou une excoriation, siégeant sur les parties découvertes du corps. La biopsie cutanée réalisée chez un des patients montrait un aspect histologique de prurigo. Le tableau clinique était plus sévère et plus fréquent chez les patients immunodéprimés, avec des lésions profuses et un prurit intense résistant aux dermocorticoïdes et aux antihistaminiques. Seule l’application de dermocorticoïdes de classe très forte en occlusion permettait une amélioration transitoire des lésions. Avec l’aide de patients ayant rapporté l’insecte, le centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD) a pu l’identifier comme Culicoides paraensis.
Discussion |
Les culicoïdes sont des arthropodes de la famille des Cératopogonidés, mesurant entre 1 et 3mm de longueur et piquant essentiellement au lever et au coucher du soleil. En Martinique, Culicoides furens est bien connu et est responsable de piqûres aux abords du littoral. Depuis 2015, le centre de démoustication de la Martinique a fait l’objet de nombreux signalements en rapport avec la prolifération d’insectes responsables de piqûres des habitants à l’intérieur des terres. De façon parallèle, on constatait une augmentation du nombre de consultations pour prurigo strophulus.
C. paraensis, espèce inféodée aux bananiers et présumée responsable de ces prurigos, connait une recrudescence récente en Martinique depuis l’arrêt de l’épandage aérien des bananeraies en 2014. Par ailleurs, C. paraensis, vecteur du virus Oropouche, est responsable de nombreuses épidémies de fièvre Oropouche (arbovirose) en Amérique du Sud et en Amérique centrale.
Conclusion |
Actuellement, il n’y a aucun moyen de lutte efficace contre les culicoïdes, hormis l’éviction des piqûres. Les répulsifs habituellement utilisés pour lutter contre les moustiques sont peu efficaces. En raison des difficultés de lutte contre le C. paraensis, dans quelques années les Antilles Françaises pourraient voir émerger une nouvelle arbovirose méconnue : la fièvre Oropouche.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Culicoides paraensis, Fièvre oropouche, Prurigo strophulus
Plan
☆ | Les illustrations et tableaux liés aux abstracts sont disponibles à l’adresse suivante : https://doi.org/10.1016/j.annder.2019.09.383. |
Vol 146 - N° 12S
P. A244-A245 - décembre 2019 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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