La crise des opiacés aux Etats Unis : quels enseignements pour la France ? - 29/05/20

Doi : 10.1016/S2590-2415(19)30353-8 
A. Verholleman 1 , C. Victorri-Vigneau 2, 3, M. Fron 1, M. Grall-Bronnec 1, 3, J. Cholet 1
1. Service d’Addictologie et de Psychiatrie de Liaison, CHU de Nantes, Nantes, France 
2. Service de Pharmacologie Clinique, Addictovigilance, CHU de Nantes, Nantes, France 
3. INSERM UMR 1246 SPHERE, Universités de Nantes et Tours, France 

Résumé

Introduction La crise des opiacés aux Etats Unis fait référence à l’augmentation rapide de l’utilisation des opioïdes depuis une dizaine d’années, avec plus de 2 millions de personnes dépendantes en 2018. Une des causes principales de cette épidémie semble être l’augmentation des prescriptions d’antalgiques opioïdes. Le nombre de décès liés à l’utilisation d’opiacés a explosé, avec plus de 42 000 décès en 2016 (5 fois plus qu’en 1999). Ces conséquences poussent les Etats Unis à une réflexion sur leur politique de prise en charge des addictions, en particulier en ce qui concerne les traitements de substitution aux opiacés (TSO). Qu’en est-il en France ?

Méthodologie À partir des bases de données épidémiologiques (OFDT, Inserm, Oppidum, Drames, U.TOPIA), nous proposons de faire un état des lieux actualisé de la situation en France en ce qui concerne l’usage des opiacés, dont les antalgiques disponibles sur prescriptions, les conséquences en termes de mortalité, et les TSO. Résultats : La France est aujourd’hui un des pays d’Europe qui présente le plus haut taux d’usage à haut risque d’opiacés – antalgiques (sulfate de morphine), TSO (buprénorphine, méthadone) et drogues illicites (héroïne) – avec une prévalence de plus de 5/1000 habitants [1]. Le mésusage des analgésiques opioïdes est en hausse, souvent après une primo-prescription dans le cadre de la gestion de la douleur [2]. Les TSO sont, quant à eux, de plus en plus prescrits, avec environ 150 000 bénéficiaires en 2016. Le nombre d’overdose (OD) en France est relativement stable depuis 2013 et fait partie des plus faibles d’Europe. Cette question est au cœur des préoccupation françaises, comme le montre la réflexion actuelle de l’ANSM qui cherche à monter un plan de prévention des OD, en s’intéressant particulièrement au mésusage croissant des TSO[3]. Les opioïdes licites hors TSO (sulfate de morphine, tramadol, codéine), sont également incriminés, concernant jusqu’à 12 % des décès répertoriés [4]. Conclusion : La politique de réduction des risques et des dommages en France a fait et continue de faire ses preuves sur la réduction de la mortalité liée à l’usage des opiacés (antalgiques, TSO et drogues illicites). Les données récentes nous alertent cependant sur le mésusage croissant tant des TSO que des analgésiques opioïdes. Une vigilance particulière s’impose sur la prise en charge de la douleur et sur les règles de prescription des médicaments opiacés que nous vous rappellerons.

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Mots clés : Opiacés, Mésusage, Overdose



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P. S132 - novembre 2018 Retour au numéro
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