La psychiatrie est une discipline médicale qui soulève des questionnements méthodologiques et épistémologiques sur la manière dont est constitué le savoir sur les troubles mentaux. Depuis la troisième édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM) le système nosographique s’est fondé sur l’opérationnalisation de critère sémiologique à identifier pour conduire à un diagnostic de trouble mental [1]. Cette approche fondée primordialement sur la clinique cherche ensuite à optimiser la nosographie psychiatrique par l’évaluation de validateurs externes. Depuis près d’un demi-siècle, le projet proposé par le DSM, initialement relié à une volonté d’amélioration de la fiabilité diagnostique inter-juge, n’a pas permis d’identifier des mécanismes physiopathologiques valides des troubles mentaux ainsi catégorisés. Depuis dix ans, de nouvelles approches ont été proposé [2], parmi lesquelles deux semblent particulièrement pertinente : [1] l’approche des Research Domain Criteria (RDoC), qui consiste non pas à partir de la clinique comme le projet du DSM le propose, mais de partir des mécanismes cérébraux et cognitifs suivant une approche multimodale et systémique; et [2] l’approche développé par Borsboom et ses collaborateurs qui consiste à modéliser les troubles mentaux sous la forme de réseaux causaux où les manifestation psychiatriques interagissent entre elles au travers de mécanismes biologiques, sociaux et psychologiques [2]. Ce symposium propose donc : (a) de rappeler, suivant une perspective clinique, l’évolution des conceptions méthodologiques et épistémologiques concernant les nosographies psychiatriques ayant permis de passer du DSM, au RDoC et désormais aux modèles en réseaux causaux (Jean-Arthur Micoulaud-Franchi ; (b) de montrer l’intérêt clinique des représentations en réseaux causaux, notamment en lien avec la théorie des graphes et l’ingénierie des connaissances (ontologies) pour extraire des phénotypes pertinents de troubles mentaux [3] mais aussi pour modéliser des cas uniques pour un patient donné (Jean Charlet); (c) de souligner la nécessité, dans le cadre du projet plus général d’une psychiatrie scientifique médicale, que ces représentations conceptuelles des troubles mentaux soient mises en perspective avec les mécanismes cognitifs et cérébraux [4], tels que proposés par les RDoC (François Vialatte).